AU PÔLE SUD[1]
VIII. — LE RETOUR APRÈS LE SUCCÈS
3 janvier 1912. — Ciel absolument clair et calme plat ; température : −19°, un vrai temps d’été. Aussi nous ne gardons que les vêtements strictement indispensables. Notre costume devient tant soit peu léger ; heureusement, aucun danger de rencontrer une femme dans ces parages.
Combien il est intéressant de voir, par ce beau temps, les régions que nous avons traversées, il y a quelques semaines, sous une furieuse tempête de neige ! Nous sommes alors passés au pied de cette énorme chaîne de montagnes, sans soupçonner ni son relief, ni sa proximité. Il est fort heureux que le glacier ne soit pas crevassé dans cette région ; Dieu sait ce qui serait arrivé si nous avions dû franchir des ponts de neige par une température aussi élevée.
4 janvier. — Il nous reste à enlever une rude montée ; le camp de la Boucherie se trouve à 804 mètres au-dessus du point où nous sommes. Aujourd’hui, nous atteindrons le dépôt proche du camp qui contient notre précieuse provision de viande de chien. Il s’agit de ne pas le manquer. Non seulement les attelages préfèrent cette viande au pemmican, mais, ce qui est beaucoup plus important, elle leur donne du ton. Dans une longue expédition comme la nôtre, un changement dans la nourriture est, d’après mon expérience, encore plus utile aux chiens qu’aux hommes. J’ai vu des bêtes refuser le pemmican, parce qu’ils en étaient fatigués, et s’affaiblir
- ↑ Suite. Voyez pages 25, 37, 49, 61, 73, 85 et 97.