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dans l’habitation une température agréable. Les occupants des couchettes supérieures se plaignaient même de la chaleur.

Notre pièce commune renferme dix couchettes ; comme nous ne sommes que neuf, la couchette inoccupée est enlevée et à sa place est installée la boîte des chronomètres. Les instruments de météorologie sont suspendus dans la cuisine, le seul endroit dont nous disposions. Lindström assuma la charge de sous-directeur et d’ouvrier d’art de la station météorologique de Framheim. Dans le grenier est emmagasiné tout ce qui ne peut être exposé sans inconvénient à de basses températures : les médicaments, les sirops, les confitures, la crème conservée, les pickles, les sauces. Nous y logeons en outre la bibliothèque.

Après le 30 janvier, nous amenons à la station le charbon, le bois, l’huile, et la provision de poisson sec. Pendant l’été, la température varia entre −15° et −25°.

Chaque jour nous tuons de nombreux phoques. Déjà nous en avons abattu une centaine, dont les dépouilles forment un gros tas de viande à la porte même de la hutte. Un soir, pendant le souper, Lindström annonce qu’il sera inutile désormais d’aller sur la banquise pour chercher le gibier, car il vient à nous. Tout de suite nous sortons : en effet un crabier se dirige droit vers la maison ; mal lui en prit de sa curiosité.

HELMER HANSEN À LA CHASSE AU PHOQUE.

Cette semaine, nous débarrassons le Fram des derniers chiens restés à bord, vingt petits encore à la mamelle. Les marins ne les regrettèrent pas. La température se maintenant aux environs de −20°, avec de tels hôtes il était impossible de tenir le pont propre ; l’eau que l’on y jetait gelait immédiatement. Aussitôt nos nourrissons débarqués, l’équipage tout entier se mit au briquetage ; quelques heures après le Fram était redevenu propre et luisant. Avec les égards dus à leur âge, nos élèves furent voiturés à la station dans des caisses bien chaudes. À leur intention, une tente avait été dressée, mais ils refusèrent énergiquement d’y entrer ; force nous fut donc de les laisser dehors. Ces jeunes chiens passèrent la majeure partie de l’hiver au grand air ; pendant quelque temps, ils demeurèrent près des carcasses de phoques. L’installation préparée à leur intention ne fut cependant pas inutile : Tisper, sur le point de mettre bas, y fut logée ; dès lors cet abri reçut le nom de « Maternité ».

Nous dressons ensuite les autres tentes : huit comme chenils pour les attelages, deux pour le poisson sec, une pour la viande de phoque, une pour les provisions, et une pour le combustible ; en tout, quatorze tentes. Maintenant la station a l’aspect d’un camp. À cette époque, d’importantes modifications sont appor-