Page:Le Tour du monde, nouvelle série - 20.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’escouade des chauffeurs nous accompagnera trois jours ; puis Day et Hooper reviendront en arrière.

Mercredi, 22 novembre. — Pas de changement. La cavalerie plus maigre, mais pas beaucoup plus faible. Les « rosses « marchent toujours. Deux jours encore et nous aurons dépassé le point où Shackleton abattit son premier poney. La colonne garde actuellement une allure très réglée ; si elle n’est pas rapide, elle est rarement coupée par des haltes. Les bêtes commencent, semble-t-il, à s’habituer à ce terrain peu solide et abordent mieux les nappes de neige molle.

Jeudi, 23 novembre. — Les poneys pourront, je crois, arriver à l’extrémité méridionale de la Grande Barrière ; nous n’en sommes plus qu’à 277 kilomètres. Mais ne faisons point de châteaux en Espagne, car si un ou plusieurs chevaux faiblissaient rapidement, nous pourrions nous trouver dans une mauvaise passe. La piste est à peu près dans le même état qu’hier ; avant le déjeuner, elle semblait plus facile, et, après, les poneys ont encore beaucoup mieux marché.

Vendredi, 24 novembre. — Depuis notre réunion à l’escouade des chauffeurs, cette équipe, qui hale elle-même son traîneau, part immédiatement avant les « rosses », et le second groupe suit deux ou trois heures plus tard entre les détachements.

L’heure fatale a sonné. Ce matin, l’étape terminée, le pauvre Jéhu a été amené en arrière et abattu d’un coup de feu. Alors qu’au départ il ne paraissait pas pouvoir atteindre la Pointe de la Hutte, il est arrivé à huit étapes au delà de notre terminus de l’an dernier et il aurait pu aller plus loin. Day et Hooper nous quittent ce soir. Aujourd’hui nous en sommes à notre vingt-cinquième campement.

Samedi, 25 novembre. — Maintenant que les nuits ne sont plus aussi froides, il est préférable d’arriver progressivement à accomplir les étapes pendant le jour. Aujourd’hui nous partirons deux heures plus tard, et demain pareillement.

La nuit dernière, Day et Hooper ont rebroussé chemin et nous avons inauguré notre nouvel ordre de marche. Evans, Lashley et Atkinson, qui halent à bras un traîneau de trois mètres, prennent la tête ; ensuite viennent Chinaman et James Pigs, puis, à environ dix minutes d’intervalle, le reste de la troupe.

Tout le temps de la route, le soleil a lui ; vers minuit, de légères brumes se sont levées, nous masquant presque la vue. Au Sud, apparence de terre.

Les poneys accusent de la fatigue. Aussi demain allégerons-nous leurs charges en établissant un nouveau dépôt. Pour traîner, les hommes s’aident de leurs bâtons de skis ; ils leur sont, disent-ils, d’un grand secours. Aussi, nous les emporterons sur le glacier. Encore quelques étapes et nous serons certains de pouvoir achever la première partie du voyage.


(À suivre.) Adapté par M. Charles Rabot.


L’ESCOUADE DES CHAUFFEURS : LASHLEY ; DAY ; LIEUTENANT EVANS ; HOOPER.