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Page:Le Tour du monde, nouvelle série - 20.djvu/91

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La seconde équipe n’a pu nous suivre. Mon escouade a couvert 12 kilomètres avant le déjeuner. Dans l’après-midi, l’autre équipe toujours à la traîne. À 6 h. 30 du soir, nous avons campé, le lieutenant Evans trois quarts d’heure plus tard. À la fin de la journée, nous avons gravi une nouvelle pente couverte de neige poudreuse. Mon groupe a parcouru péniblement l’intervalle entre les deux bosses du glacier, quelque 13 kilomètres. Demain, nous marcherons seulement la moitié de la journée, puis établirons un dépôt de vivres et construirons des traîneaux de 3 mètres. La seconde équipe se fatigue certainement ; il reste à voir comment ils s’en tireront avec un traîneau plus petit et une charge plus légère. L’avenir resterait encourageant, si l’autre escouade pouvait avancer sans trop de fatigue.

Dimanche, 31 décembre. — Cinquante-troisième campement. Le second groupe laisse en arrière dans une cache ses skis et divers autres objets, le tout pesant environ 45 kilogrammes. Je le fais passer en tête ; il ne marche pas très vite. Campement pour le déjeuner à 1 h. 30. Durant cette première partie de l’étape nous avons couvert 13 kilomètres et avons dû nous élever notablement, ayant gravi deux pentes raides, l’une dès le départ, l’autre environ 9 kilomètres plus loin à la fin de la marche. Le halage sur ces déclivités a été très laborieux ; en somme, aujourd’hui nous avons monté sans discontinuer.

Après nous être réconfortés par un thé copieux, nous avons travaillé aux traîneaux. Si leur démontage n’a pas été long, il n’en a pas été de même de leur transformation en véhicules de 3 mètres. Les sous-officiers Evans et Crean se sont tirés de cette besogne à leur honneur. Evans est un homme extrêmement précieux. Construire un traîneau dans de pareilles conditions constitue un tour de force.

Le lieutenant Evans vient d’observer 86°56′ de latitude Sud ! Nous touchons donc presque le 87° parallèle que nous voulions atteindre ce soir. La transformation des traîneaux nous fait perdre une demi-journée ; j’espère la rattraper en avançant ensuite plus vite. La cache établie ici contient une semaine de vivres pour les deux équipes. Nous lui donnons le nom de dépôt des Trois degrés. Pour la première fois nous recouvrons la tente de sa seconde enveloppe ; nous avons ainsi plus chaud, semble-t-il.

Dix heures du soir. — La réfection des traîneaux a été plus longue que je ne l’avais pensé. Mais à présent elle est presque terminée. Les véhicules ainsi transformés paraissent devoir être très maniables.

Lundi, 1er janvier 1912. Jour de l’an. — Réveil vers 7 h.30 et départ à 9 h. 30. L’équipe d’Evans marche en tête sans skis. Nous la suivons sur nos patins. Ayant étourdiment négligé de vérifier à l’avance nos chaussures de ski, il a fallu une demi-heure pour les ajuster. Wilson surtout a éprouvé de grandes difficultés avec les siennes. Cinquante-quatrième campement : 2 880 mètres au-dessus de la Barrière.

Thermomètre : 25°,5 sous zéro. La température baisse d’une manière constante, elle semble suivre les variations du vent. Nous sommes bien dans notre tente double. Un bâton de chocolat pour célébrer le nouvel an. L’escouade du lieutenant Evans n’est pas très gaie, les choses n’ont pas marché comme elle l’aurait désiré. Néanmoins l’avenir semble s’éclaircir : plus que 272 kilomètres et les vivres sont abondants.

C.-H. MEARES, LE GUIDE DES CHIENS.

Mardi, 2 janvier. — Température : −27°,2. Cinquante — cinquième campement. L’équipe d’Evans, partie avant 8 heures, a marché jusqu’à 1 heure ; ensuite, de 2 h. 35 à 6 h. 30. Quoique la mienne se soit mise en route, chaque fois, une demi-heure après la sienne, toujours il nous a été facile de la rattraper. Étape pénible pour l’escouade d’Evans, qui n’a plus ses skis ; facile au contraire pour nous. Distance parcourue : 24 kilomètres. Pour la première fois depuis notre arrivée sur le plateau, ciel légèrement couvert : toutefois le soleil se montre à travers un voile de stratus et le bleu apparaît à l’horizon.

À la fin de la journée, terrain difficile. Aujourd’hui, nous ne nous sommes guère élevés ; le plateau a