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tendu parler en Grèce des travaux de M. de Sévastiannoff[1] au mont Athos. Ma première visite fut naturellement pour lui. L’auteur des admirables reproductions photographiques que l’Institut a vues il y a quelques années, m’accueillit avec cette courtoisie et cette cordialité habituelle à l’aristocratie russe. Nous causâmes de la France en français, ce qui est une grande jouissance, et nous prîmes le thé en russe, ce qui est la bonne manière.

L’histoire du mont Athos est très-obscure depuis Jésus-Christ jusqu’au dixième siècle. Les moines font remonter à Constantin la fondation du monastère de Lavra, construit par saint Athanase l’Athonite. De ce saint Athanase il n’est question dans aucun historien ; mais dans ce même monastère de Lavra, une fresque représente ledit saint Athanase recevant une chrysobulle des mains de l’empereur Nicéphore Phocas, c’est-à-dire vers 965. Cependant il est probable que certains monastères sont de fondation plus ancienne : ceux d’Iveron et de Vatopédi, par exemple, construits sur l’emplacement des villes de Dium et d’Olophisos, dont parle Hérodote et dont ne parlent pas les historiens byzantins.

Vue générale du mont Athos. — Dessin de Villevieille d’après M. A. Proust.

Quoi qu’il en soit, voici la version des moines : saint Athanase demanda à l’empereur la permission de construire un monastère sur l’Athos et éleva la grande Lavra ou Laure (Lavra signifie réunion, communauté, association) ; mais la montagne était occupée par des ermites. Ces ermites envoyèrent une députation à Constantinople pour protester contre l’envahissement de leur retraite. Leurs prières ne furent pas écoutées et les monastères se succédèrent sur les flancs de la montagne.

A. Proust.

(La suite à la prochaine livraison.)

  1. M. de Sévastiannoff a reproduit à l’aide de la photographie : 1o un manuscrit du douzième siècle en caractères microscopiques ; 2o des sermons de saint Grégoire le Théologien, de Jean Damascène ; 3o un traité inédit de médecine ; 4o la géographie de Ptolémée ; 5o une liturgie-de saint Jean Chrysostome sur parchemin ; 6o des chartes en langues grecque et slave ; 7o des fragments de la Légende dorée.

    Pendant que j’étais au mont Athos, M. de Sévastiannoff préparait de nombreux travaux. Son séjour devait être encore fort long sur la montagne, et l’infatigable voyageur avait le projet de compléter ce travail gigantesque par une excursion au Sinaï.