Page:Le Tour du monde - 02.djvu/328

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ment, et certes elles ne perdent rien à ignorer l’usage de la crinoline et du corsage. Ces ravissants animaux domestiques me souriaient avec grâce chaque fois que je leur présentais mes hommages ; et quelques feuilles de tabac que je me plaisais à leur offrir m’assuraient une place d’honneur dans ce cercle, auquel, comme à beaucoup d’autres mieux vêtus, la fumée du narcotique tenait lieu d’idées, de contenance et de conversation.

Nègres porteurs. — Dessin de Gustave Boulanger d’après Burton.

« Le 30 décembre nous entrions dans le Mséné, lieu d’entrepôt des Arabes de la côte, qui, par antipathie pour leurs frères de l’Oman, ont déserté l’Ounyanyembé. Comme le nom de cette dernière province, celui de Mséné désigne l’ensemble d’un certain nombre d’établissements qui n’ont de commun entre eux que le voisinage. Au nord se trouvent les bourgs de Kouihanga et d’Yovou, qui appartiennent aux indigènes. Défendus par une forte estacade, un fossé profond et une épaisse haie d’euphorbe, ces villages sont composés de cabanes pareilles à de grandes ruches, et séparées les unes des autres par des champs entourés de palissades.

« Le district de Mséné est doublement insalubre, en raison des eaux stagnantes qui l’environnent et de la malpropreté de ses villages ; mais l’humidité du climat rend d’autant plus fertile ce sol gras et noir, formé des débris d’une végétation exubérante ; les fleurs y croissent spontanément, les arbres y déploient leur plus riche feuillage, le riz y pousse avec une rapidité inconnue dans l’est de la province, et la quantité de manioc, de sorgho, de maïs et de millet qu’on y récolte permet l’exploitation des grains ; les tomates et le piment s’y recueillent à l’état sauvage, ainsi qu’une quantité de fruits prodigieuse ; on s’y procure à bon marché des légumes