Page:Le Tour du monde - 04.djvu/292

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indifférentes, elle n’avait pas le moins du monde songé à la possibilité d’une demande de ce côté. On lui rappela alors sa promesse d’accepter le premier prétendant qui se présenterait.

« Je promis de réfléchir, dit-elle dans son journal. Le docteur Pfeiffer me paraissait un homme très-raisonnable et très-bien élevé, mais ce qui lui donnait les plus grands avantages à mes yeux, c’est qu’il demeurait à cent milles de Vienne et qu’il avait vingt-quatre ans de plus que moi. »

Le mariage d’Ida et du docteur Pfeiffer fut célébré le Ier mai 1820, et huit jours après les nouveaux mariés partirent pour Lemberg.

Ida trouva dans son mari de la droiture, de la franchise et de l’intelligence, et, à défaut d’un sentiment plus vif, elle ne put lui refuser son estime et son affection, en retour de son amour et de sa délicatesse. Elle prit la résolution de remplir consciencieusement ses devoirs, et regarda l’avenir avec plus de calme et de tranquillité.

Vue prise dans l’intérieur de Tahiti. — Dessin de E. de Bérard d’après Wilkes.

Le docteur Pfeiffer était un homme droit et intègre, qui dévoilait et attaquait sans ménagement l’injustice partout où il la rencontrait, sans jamais rien cacher de sa conviction. Il s’était alors glissé beaucoup d’abus dans la marche routinière des administrations de la Galicie, et il n’y manquait pas d’employés infidèles. Dans un grand procès qu’il gagna, le docteur Pfeiffer eut occasion de découvrir les prévarications les plus audacieuses, qu’il dénonça sans crainte à l’autorité supérieure à Vienne. Une instruction sérieuse ayant démontré la vérité des dénonciations du docteur Pfeiffer, plusieurs employés furent ou congédiés ou déplacés.