Page:Le Tour du monde - 04.djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les figures beaucoup plus petites. Pour la construction du temple, on ne peut naturellement pas établir de comparaison avec les temples grandioses de l’Hindoustan, puisque, comme nous l’avons déjà dit, il ne se compose que de murs parallèles. On y retrouve, comme dans l’Hindoustan, la construction sans mortier et les cintres formés par l’avancement des pierres superposées. »

Mme Pfeiffer visita ensuite plusieurs des petites îles de la Sonde, et, dans l’archipel des Moluques, Banda, Amboine, Ternate ; elle séjourna quelque temps chez les Alfourous, sauvages de Céram, et termina à Célèbes ses excursions dans la mer de la Sonde.

De Célèbes, elle traversa le grand Océan (dix mille cent cinquante milles) pour aller en Californie. Pendant deux mois elle ne vit que le ciel et l’eau. Le 27 septembre 1853, elle aborda à San Francisco, visita les lavages d’or du Sacramento et du fleuve Yuba, et dormit plus d’une fois dans les wigwams des Peaux-Rouges, près de Rogue-River.

À la fin de l’année 1853, Ida Pfeiffer fit voile vers Panama, et de là vers les côtes du Pérou. De Callao elle se rendit à Lima, avec l’intention de traverser les Cordillères pour gagner Lorette, près du fleuve des Amazones, et ensuite gagner la côte orientale de l’Amérique du Sud.

Habitation du rajah Brooke, à Sarawak. — Dessin de A. de Bar d’après Hugh Low.

Mais la révolution qui venait d’éclater dans le Pérou força notre voyageuse à chercher un autre endroit pour y passer les Cordillères. Elle rétrograda jusqu’à l’équateur, et au mois de mars 1854 elle commença, à Guayaquil, sa pénible ascension de montagnes. Elle passa les Cordillères près du Chimborazo, parvint au haut plateau d’Ambuto et de Tacunga et eut le bonheur d’y voir le rare phénomène d’une éruption du volcan Cotopaxi, spectacle que lui envia plus tard Alexandre de Humboldt. À son arrivée, le 4 avril, à Quito, elle n’y trouva malheureusement pas l’assistance qu’elle espérait, c’est-à-dire une escorte d’hommes sûrs pour la mener jusqu’au fleuve des Amazones et l’y faire naviguer. Elle renonça donc à son projet primitif et dut repasser par les Cordillères. Près de Guayaquil, elle courut deux fois risque de perdre la vie : d’abord par une chute de mulet, puis en tombant dans le fleuve, peuplé d’un grand nombre de caïmans. Ses compagnons semblaient vouloir la laisser périr, car ils ne lui prêtèrent pas le moindre secours. Aussi fut-ce avec de profonds ressentiments qu’elle tourna le dos à l’Amérique espagnole du Sud. Elle se rendit par mer à Panama et traversa l’isthme à la fin du mois de mai.

D’Aspinwall elle fit voile vers la Nouvelle-Orléans et y resta jusqu’au 30 juin ; puis elle remonta le Mississipi jusqu’à Napoléon, et l’Arkansas jusqu’au fort Smith. Une nouvelle attaque de la fièvre de Sumatra la força à re-