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navire est annoncé longtemps avant qu’il soit entré dans le port. »

Tous ces détails avaient pour moi de plus en plus d’intérêt ; c’était bien autre chose qu’à Bahia. Aussi je me laissai gagner peu à peu par l’enthousiasme de mon compatriote. Il me montrait avec orgueil les moindres détails, me les expliquant à mesure que nous passions à leur portée. On eût dit que tout cela était à lui et fait pour lui. Le soleil n’était d’or qu’à Rio, l’air n’était embaumé qu’à Rio. Quant à ce dernier avantage, j’avais bien pu concevoir quelques doutes ; nous approchions d’un quai où l’on voyait une foule de nègres, portant certains objets équivoques, au-dessus desquels des centaines de goëlands voltigeaient en tournoyant. Que voulaient ces oiseaux ? Quel attrait avaient pour eux ces pauvres noirs et leurs fardeaux ?

Mon guide cependant achevait mon instruction ; il m’avait déjà fait faire connaissance avec ce rocher, connu de tous les navigateurs et qu’on a justement surnommé le Pain de sucre, puis le Corcovado(le bossu), d’où l’on découvre le pays à une grande distance, et comme je m’étonnais de voir à son sommet une partie blanche qui pourtant ne devait pas être de la neige, il m’expliqua que plusieurs accidents étant arrivés à des voyageurs qui traversaient là une espèce de crevasse, le gouvernement y avait fait bâtir une muraille. Depuis ce temps on n’y court aucun danger. Tous ceux qui font le voyage du Brésil, tous ceux qui passent à Rio, vont au Corcovado, pour admirer la baie.

Le pain de sucre, à Rio-de-Janeiro.

Enfin le bateau s’arrêta. Il ne fallait pas songer à emporter nos bagages ; chacun fit un léger paquet de ce qui pouvait lui être indispensable pendant deux ou trois jours. Le reste devait être transporté à la douane. De tous côtés des embarcations nous offraient leurs services. En débarquant, sur de grands degrés de pierre, je faillis tomber dans l’eau. De là on entre dans la rue Direita, habitée en partie par des marchands portugais ; c’est dans cette rue

Négresses, à Rio-de-Janeiro.