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hague. Je ne connais aucune ville, excepté Londres, qui soit animée d’une vie si universelle et si tumultueuse. Cela tient, je crois, à la double influence d’un port où aboutit le monde et d’une capitale où aboutit le royaume.

Il y a des villes écrites d’avance par le doigt de Dieu à la place qu’elles occuperont pendant des siècles : Babylone, Ninive, Memphis, Thèbes, Jérusalem, Athènes, Alexandrie, Londres, Naples, Venise, Rome et Paris, cette Rome de l’esprit moderne.

De toutes les villes, l’une des plus heureusement assises, à portée de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique, c’est Constantinople.

Chevet de la cathédrale de Röskilde. — Dessin de Thérond.

Une autre ville privilégiée, c’est Copenhague. Copenhague est situé, providentiellement aussi, non plus sur un Sund d’Orient, mais sur un Sund septentrional, au bord de la Baltique. Le monde de l’Ionie et de l’Égypte, le monde de la Grèce et de l’Italie, le monde de la France, tous ces mondes du Midi sont finis déjà. Le monde de l’Angleterre est dépassé. Le monde scandinave, ce monde des Edda va commencer et s’étendre dans des zones de vapeurs jusqu’à l’Islande. Copenhague est un centre pour tous ces souffles et tous ces génies : il serait même la capitale géographiquement nécessaire d’une Scandinavie future, la capitale qui souderait le mieux les trois États, si jamais leur unification s’accomplissait. Là, dans Copenhague, les cigognes et les cygnes, les hêtres et les sapins, les vaisseaux et les pavillons de tous les peuples, les chants des scaldes, les sagas et les ruhnes, les lacs et la mer vous enveloppent. Vous voyez tout cela du haut de la tour de Christian IV. Vous êtes ravi par le ciel, par la terre, par la navigation, par tous les souve-