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sans elle indéchiffrables, des civilisations antérieures les plus reculées.

Finn Magnussen, dont le berceau est l’Islande, lisait les ruhnes les plus obscures et les plus antiques. Ses disciples continueront sa tâche. Les pierres mêmes de la Tour ronde seront pénétrées. Elles sont l’étrange avenue de la bibliothèque de l’université, et la tour de Christian IV, aux assises colossales, à l’originalité massive, abrite, avec une majesté vénérable, ces énigmes granitiques. Plus d’une fois, soit en m’approchant, soit en m’éloignant, j’ai aperçu à la cime de cette tour des ruhnes une cigogne, pareille à un hiéroglyphe vivant. Elle se dessinait dans le ciel bleu. C’était beau comme un ibis sur une pyramide des pharaons !

Intérieur de l’église Notre-Dame, à Copenhague. — Dessin de Thérond.

Je n’omettrai pas Rosenborg, un château danois et arabe, le Marly capricieux de Christian IV dont Frédériksborg était le Versailles vénitien. Rien n’est étonnant comme la fantaisie architecturale du plus glorieux prince de la dynastie d’Oldenbourg. Christian IV, cet émule de Gustave-Adolphe, ce héros de terre et de mer, cet ennemi de la maison d’Autriche, soit de la branche allemande, soit de la branche espagnole, cet adversaire de Wallensten et de Tilly dans la guerre de Trente ans, ce défenseur de la réforme, cet amiral, ce capitaine, ce politique et cet amant, était un poëte en pierres vives. Son imagination fleurissait en palais, en chapelles, en théâtres, qu’il colorait des lueurs de l’Orient et d’aurores boréales. Par un hasard extraordinaire, ce rude soldat était de Bagdad autant que de Séeland. C’était un calife de la Baltique.

Rosenborg, son chef-d’œuvre à l’égale de Frédériksborg, s’élève à peu de distance de la Tour ronde. C’est