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rasse du château, d’où l’on découvre Copenhague. De là, j’ai pu embrasser dans leur ensemble la ville et les monuments que j’avais tant étudiés, rue par rue, édifice par édifice.

Intérieur de la Bourse de Copenhague. — Dessin de Thérond.


VII

Quelques hommes de Copenhague et du Danemark. — État social du pays.

J’ai retracé rapidement Copenhague, le Copenhague en pierre, le Copenhague babylonien ; mais il faut dire aussi quelques mots du Copenhague des idées, du Copenhague intellectuel et politique, grand centre moral et intellectuel, qui a eu successivement pour représentants Tycho-Brahé, Römer, Holberg, Œlenschlæger et Thorwaldsen. Le physicien inventeur Œrsted, sans lequel nous n’aurions pas la télégraphie électrique ; Finn Magnussen, le Creuzer de la Séeland ; Rosevinge, l’un des initiateurs au droit septentrional ; Rask, un philologue polyglotte, ont enseigné à Copenhague. Thomas Bartholin et Winslow, deux des plus grands anatomistes qui aient existé, et, entre eux, Stenon, un anatomiste aussi, et de plus, selon Deluc, le premier vrai géologue, appartiennent au Danemark. Malte-Brun, le géographe, y est né ; Jean-Louis Keiberg vient d’y expirer, Heiberg dont le dernier ouvrage est : Une âme après la mort, Heiberg qui avait créé le vaudeville satirique danois, comme Holberg avait créé la comédie danoise. D’autres poëtes que Heiberg, des poëtes et des écrivains bien divers, ont vécu ou vivent à Copenhague, à côté des artistes, dans une renommée nationale qui mériterait de devenir européenne. Je citerai Gundtvig, Hauch, Hertz, Christian Wintber, Holtz, Paludan Müller, parmi les hommes littéraires, et, parmi les hommes de la peinture et de la sculpture, Marstand, Exner, Frölich, Skaugaarg, Sonne et Bissen, l’élève de Thorwaldsen, un élève qui sera probablement un maître. Je me garderai bien de taire, soit Ingemann, le romancier historique, fixé désormais au bord du lac de Sorö, soit Simonsen, le coloriste original dont j’ai remarqué trois tableaux à Charlottenbourg et qui serait digne d’une biographie entière.

Je dois malheureusement me borner, et cependant je n’omettrai ni le professeur Hoyen, un grand critique d’art, dont la science est profonde et l’intelligence vaste, ni Jierichau, ni Melbye, un sculpteur et un peintre dont Copenhague a raison de s’enorgueillir, et qu’elle peut montrer à ses ennemis comme à ses amis, ni enfin Christian Winther, âme souple et pleine de contrastes. Il confine parfois à Alfred de Musset et souvent aussi à Théocrite. Il aime les champs, les pacages, les maisons couvertes de chaume, et la Bible du