monté le Kahayan, jusqu’à l’embouchure du Koron, nous prîmes le chemin qui longe cette rivière. La voie de terre que je dus choisir à cause du nombre de mes compagnons et du volume de mes bagages, est plus courte mais plus pénible que la navigation sur le Koron. Elle coupe en divers endroits les nombreuses sinuosités de cette rivière, monte au commencement plusieurs pentes roides, et descend dans quelques vallées marécageuses, mais elle devient ensuite plus unie. Tout le pays est couvert de bois. Nous rencontrâmes sur notre route de petites caravanes de riverains du Kahayan, et nous arrivâmes à quatre heures de l’après-midi à l’endroit où la rivière cesse d’être navigable, même pour les petites pirogues. Exténués de fatigue, nous prîmes le parti d’y passer la nuit dans les ruines d’une forteresse dont les habitants avaient été massacrés quelques années auparavant par une tribu ennemie. Les quelques loges délabrées qui subsistaient, abritaient un grand nombre de prahous appartenant à des riverains du Kahayan. Avant de nous coucher, nous eûmes soin de boucher les trous du toit, pour nous garantir de la pluie, et de charger nos armes, afin d’être en mesure de nous défendre contre toute surprise.
La nuit ne fut troublée par aucune alarme. Les nuages ne tardèrent pas à se dissiper et à faire place à un beau clair de lune. Le profond silence n’était interrompu que par le cri mélancolique du hibou et par un léger clapotement des vagues.
Nous continuâmes notre voyage le long du Koron, jusqu’au pied du mont Aubon, qui s’élève de plusieurs centaines de mètres au-dessus du niveau de la mer. La chaîne de collines, dont il fait partie, forme la limite des bassins du Cahayan et du Kapouas-Mouroung. Notre route nous conduisit bientôt, des solitudes de la forêt, vers les coteaux cultivés du Kampong-Sakkoi (30 novembre).
Une des principales industries des indigènes est le lavage de l’or, qui est assez abondant pour que le gain d’un travailleur puisse être d’un à deux florins (deux à quatre francs) par jour. Les gisements de sable aurifère, épais d’un demi à deux pieds, sont recouverts d’une couche de glaise jaune, qui n’a pas plus de quatre à huit ou dix pieds de profondeur. Ce sont les hommes qui tirent le minerai, et les femmes qui le lavent dans quelque rivière des environs ; ils n’exploitent les mines que dans le voisinage des cours d’eau, car ils n’ont pas la moindre idée de l’hydraulique. Ils ignorent également l’art d’étayer les puits et les excavations ; aussi n’est-il pas rare que des travailleurs périssent dans les éboulements. Un accident de ce genre avait eu lieu quelques jours auparavant, et le pamati avait, en conséquence, été proclamé au kampong de Sakkoi, c’est-à-dire que les étran-