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diables, qui sont du reste sains et bien constitués. Leurs cabanes sont pittoresquement dispersées sous une magnifique futaie en face de l’église.

En parcourant ces modestes demeures pour faire faire des tortillas, je lie connaissance avec un brave Indien du Michoacan, qui se rend pédestrement à Mazatlan pour y toucher trois piastres qui lui sont dues par un ami ; c’était un voyage de quatre cents ou quatre cent cinquante lieues, aller et retour, qu’il comptait faire en un mois, à raison de quinze lieues par jour. L’idée de se jeter dans une pareille entreprise pour quinze francs, devrait paraître insensée et burlesque, si elle n’était au contraire si caractéristique de la pauvreté en même temps que de la patience et aussi de la sobriété de cette race. Il faisait, chemin faisant, un petit trafic qui payait à peu près sa nourriture, transportant dans un village les produits d’un autre, tels que poteries, nattes, chapeaux de paille, etc. Quant au logement, il n’avait pas à s’en inquiéter. Il pensait rapporter chez lui deux piastres au moins sur les trois, et cela en mettant les choses au pire.


Istlan. — Le Plan de Baranca. — Venta de Mochitilte. — La Magdalena. — Tequila et le Mescal.

Le lendemain, 1er septembre, après avoir traversé Aguacatlan, petite ville de deux mille âmes environ, qui ne présente rien d’extraordinaire, nous arrivons à Istlan, notre étape du jour.

Le 2 septembre, à cinq ou six lieues d’Istlan, nous atteignons le Plan de Baranca ; le mot baranca indique toujours, en espagnol, un ravin, crevasse ou fondrière, dont les parois sont escarpées ; le mot plan indique ici qu’au fond du ravin il y a un plateau. Du sommet des hauteurs par lesquelles nous arrivons, un panorama splendide se déroule à nos yeux ; une vaste plaine s’étend