son des pluies y était pour beaucoup sans doute ; mais il semble aussi que cette région se rattache encore à la zone littorale de l’est de l’Australie, et que c’est seulement un peu au delà vers l’intérieur que commencent les plaines arides et pierreuses du vrai désert. On en peut juger par de nombreux passages du journal ; il suffira de citer les plus marquants.
À six ou sept journées au nord-ouest du dépôt de Cooper’s-Creek, un peu avant d’atteindre le vingt-septième parallèle, M. Wills remarque que jusque-là « le pays que l’on avait traversé était le plus beau que l’on pût trouver pour l’élève des troupeaux. » Il ajoute que l’herbe était partout à foison, que l’eau était abondante, et que selon toute apparence elle était pérennale. À trois marches de là plus au nord, aux approches du vingt-sixième degré de latitude, comme on était au 24 décembre, on s’arrêta vingt-quatre heures pour solenniser le jour de Noël. Ici encore nouvelle exclamation sur la nature du pays environnant. « Notre station fut doublement agréable, car dans nos heures de plus grande confiance nous n’avions jamais espéré rencontrer dans le désert une aussi délicieuse oasis. Notre camp était dans une position véritablement heureuse ; nous avions tous les avantage de vivres et d’eau que l’on peut trouver sur une creek ou une rivière considérable, et nous n’avions pas à souffrir de ces innombrables essaims de fourmis, de mouches et de mosquites que l’on rencontre invariablement dans les bois et les djungles. »
Voici encore une note écrite le 11 janvier, entre le vingt-troisième et le vingt-deuxième parallèle :
« La contrée que nous traversons offre l’aspect le plus réjouissant à la vue et de la plus belle verdure. Partout abondance de gibier et d’eau. Le pays semble devenir meilleur de mille en mille. Une grande quantité de pluie a tombé ici et dans le sud, et quelques parties basses seraient propres à la culture, dans le cas ou la régularité des saisons le comporterait. »
Aux approches du vingtième parallèle (on était encore à cent cinquante milles du fond du Carpentaria) on rencontra le premier spécimen de ce grand et bel arbre de l’Australie que les botanistes ont nommé eucalyptus, et dont quelques espèces exsudent une substance gommeuse comme les acacias. Un peu plus loin on trouva les premiers bouquets de palmiers, qui donnaient à cette terre sauvage quelque chose du charme de l’Orient.
À partir de ce point, on suivit les bords d’une rivière qui coule vers le nord dans la direction du golfe, mais en inclinant sensiblement à l’est. On n’avait pas cessé, durant tout le trajet, de rencontrer des indices de la proximité des indigènes, et même çà et là on en avait aperçu quelques-uns ; mais loin de se montrer inquiétants, ils s’étaient constamment enfuis en manifestant les signes