d’août, au moment même où Burke quittait Melbourne et prenait le chemin de Cooper’s-Creek pour se porter vers le fond du Carpentaria par un méridien plus oriental de quatre cents milles que celui de la route de Stuart.
Une seconde expédition fut immédiatement résolue par ceux qui avaient patronné la première. Stuart se remit en route le 1er janvier 1861, avec onze hommes et quarante-neuf chevaux. Il reprit la trace de son voyage de l’année précédente, dont il ne voulait pas s’écarter. La première partie de la route fut pénible[1]. Le 3 mars, il écrivait de Finke’s-Springs (sous le vingt-sixième parallèle) : « J’attends maintenant de jour en jour les pluies d’équinoxe, et alors j’espère être à même d’aller de l’avant sans plus de perte de temps. Nos marches du mois dernier ont été terriblement lentes ; mais elles nous ont montré que le pays est passable en toute saison. » La première eau tomba le 16 mars, par vingt-quatre degrés cinquante minutes de latitude, et dès le 20, l’expédition avait à souffrir de la violence des pluies qui détrempaient le sol et le transformaient en boue. Il toucha au mont Stuart (appelé aussi Mount-Centre, montagne du Centre) le 6 avril, et le 24 il atteignait le point extrême où l’hostilité des indigènes l’avait contraint, l’année précédente, de revenir sur ses pas. C’était près d’un ruisseau que pour cette raison il avait nommé Attack-Creek. C’est de là seulement que commence la partie sérieuse de la seconde relation.
Le 29 avril il arrivait à un creek herbeux d’une belle apparence. Quatre marches de plus, toujours la face au nord, l’amenèrent, à l’entrée de vastes plaines toutes fissurées de crevasses recouvertes d’une herbe épaisse qui en rendait l’approche très-dangereuse pour les chevaux. L’entrée de ces solitudes, auxquelles MacDouall donna le nom de plaines de Sturt, est à environ deux degrés au nord d’Attack-Creek, vers le dix-septième parallèle de latitude australe. C’est là qu’ont commencé pour le voyageur les difficultés imprévues qui, pour la seconde fois, l’ont arrêté au moment où il croyait toucher au but.
Si l’on jette les yeux sur la carte, on voit que le point où était arrivé Stuart se trouve à l’entrée de la large péninsule nommée jadis par les Hollandais Terre d’Arnheim, et qui couvre à l’ouest le golfe de Carpentaria. L’isthme de cette péninsule, entre ce dernier golfe et le golfe de Cambridge où débouche la rivière Victoria, n’a pas moins de six degrés de largeur sous le quinzième parallèle, lesquels, à cette latitude, représentent trois cent cinquante milles géographiques ; mais à deux degrés plus au sud, là où se trouvait l’expédition, l’intervalle est représenté par un arc de cinq cents milles de développement.
Stuart hésita s’il tournerait à l’ouest vers la rivière Victoria, ou s’il prendrait à l’est la route du Carpentaria. Ce fut celle-ci qu’il essaya d’abord.
Il ne s’y maintint pas longtemps. Du haut d’une chaîne de collines qui domine la plaine, il vit devant lui une solitude unie comme les horizons du Sahara, sans un seul arbre, sans la moindre apparence qui annonçât la présence de l’eau. Il pousse au nord, puis au nord-ouest, partout le même aspect. Vers le sud-ouest, le pays sembla présenter d’abord une apparence plus encourageante. Un lac de neuf milles d’étendue, et au loin une végétation abondante, annonçaient une plus riche nature. Mais cette végétation lui présenta bientôt un obstacle non moins formidable. C’était un enchevêtrement d’arbustes et de plantes épineuses tellement épais, qu’il n’y avait pas à songer à s’y frayer un chemin. Un mur d’airain ou une mer profonde, selon les expressions du voyageur, n’auraient pas été plus infranchissables.
Trois ou quatre autres tentatives en diverses directions n’ont pas plus de succès ; partout Stuart et ses hommes viennent se heurter aux mêmes difficultés. Des plaines arides et sans eau, ou des djungles impénétrables. Vaincu, épuisé de corps et d’esprit, les habits en lambeaux, le visage et les mains lacérés par de redoutables arêtes, ses provisions, d’ailleurs, étant maintenant réduites à quatre livres de farine et une livre de viande fumée par homme et par semaine, MacDouall dut renoncer à la lutte, non plus contre les hommes, cette fois, mais contre les difficultés de cette affreuse nature[2]. L’expédition reprit, le 12 juillet, la route du sud, et elle a regagné la province de South-Australia sans avoir à regretter la perte d’un seul homme, malgré les fatigues inouïes que l’on avait éprouvées. Le point le plus septentrional que l’expédition ait atteint est par dix-sept degrés sept minutes de latitude, sous le cent trente-troisième degré quarante et une minutes de longitude orientale de Greenwich.
Mais Stuart a juré qu’il accomplirait sa tâche ou qu’il y périrait. Dès la fin de novembre 1861, au départ de la malle qui a apporté en Europe la relation sommaire dont nous venons de faire connaître les faits principaux, une troisième expédition s’était formée à la demande de l’indomptable explorateur, et venait de repartir pour le nord. On y a joint cette fois un géologue et les appareils nécessaires pour forer le sol, Stuart étant convaincu que s’il avait eu les moyens de creuser des puits artificiels, il aurait pu se frayer sa route jusqu’à la côte.
Les événements actuels, en tournant l’attention vers le Mexique, ont pu donner lieu de remarquer que depuis longtemps il n’a paru en Europe aucune publication sérieuse où l’on puisse aller chercher avec confiance des renseignements positifs, non sur la géographie et la conformation physique de la contrée, — les écrits d’Alexandre de Humboldt sont toujours, sous ce rapport, une source précieuse, et l’on peut dire classique, — mais sur l’état actuel des choses et des esprits à Mexico et dans les pro-