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m’a dit le pasteur, au moins deux cents écus. C’est l’entrée en ménage de tous les couples rustiques, grâce à cette habituelle et réciproque magnificence.

On a dîné ensuite gaiement, et j’ai entendu des chansons lorsque je suis repassé devant la maison en fête.

J’ai longé le cours de la petite rivière de Kongenshoi ; je savais qu’elle me mènerait à la mer. Cette rivière limpide traverse une campagne toujours accidentée, parfois sauvage. Les fleurs jaunes, roses, rouges, couvrent les bords de la Kongenshoi. Elle me conduit parmi les avoines, les blés, les trèfles, les houblonnières : de village en village, de bois en bois, je suis arrivé à la mer, sillonnée de navires et de barques. Une forêt de hêtres, de frênes, de sapins, séparés par groupes, m’a donné de l’ombre jusqu’aux algues du rivage. Elles s’entrelaçaient en runes, ces algues, dont une partie baigne dans l’eau, dont l’autre partie sèche au soleil. L’air est vif et salin. Les flots sont d’une blancheur d’albâtre à mes pieds, puis ils verdissent, puis ils sont bleus, puis tout à fait lilas au loin. Je suis resté plusieurs heures dans un rêve de vagues mugissantes et de pensées tumultueuses.

Repas de paysans danois. — Dessin inédit de Frölich.

J’ai pénétré dans une petite maison de pêcheur sur la côte. L’homme fumait une pipe. Sa femme étendait un filet près de la porte. Un garçon aux cheveux très-roux ramassait des coquillages. Je me suis assis sur une rame à deux pas du pêcheur. Lui, a été chercher un pot de bière et une tasse. J’ai bu quelques gouttes de cette bière forte et j’ai fumé aussi. Nous nous sommes compris à l’aide de cette langue muette dont les spirales se confondaient au-dessus de nos têtes. Le matelot et moi, nous nous sommes serré cordialement la main en nous quittant. Je suis revenu à Glorup par un autre chemin. À chaque moment, au moindre sommet, je voyais la mer écumer et je l’écoutais mugir.

Bouvier et laitières de Fionie. — Dessin inédit de Frölich.

La Fionie, comme toute la terre danoise, est couverte de collines de gazon faites de main d’homme en l’honneur