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Je visitai à Saint-Paul quelques bons amis, et je ne tardai pas à reprendre le chemin de la Possession. Le fidèle Désiré m’attendait au rivage avec ses bateliers aux bras de fer, et par une belle nuit je m’étendis sur un des bancs de sa chaloupe, me laissant bercer par la lame. Quelques heures après je débarquais à Saint-Denis.

Les gardes-champêtres de Bourbon. — Dessin de Janet Lange d’après l’album de M. de Trévise.

Au milieu de toutes ces excursions, la fin de juin était venue. Je voulais aller voir Maurice avant de retourner en Europe par le packet de juillet. Je quittai donc, bien à regret, la capitale de Bourbon et m’embarquai sur le vapeur à destination de Port-Louis. Longtemps nous côtoyâmes les bords riants de l’île française, longtemps Saint-Denis et ses blanches maisons, ses riches campagnes et ses profondes ravines restèrent en vue. Puis apparurent successivement les verdoyants jardins de Sainte-Marie, les bois de filaos de Sainte-Suzanne, et son phare blanchi levant la tête au milieu des arbres et baignant ses pieds dans la mer. Au loin, par une échappée, se montraient les gorges sombres des Salazes et du Piton des Neiges. Enfin nous saluâmes les fertiles plaines du champ Borne : c’est le dernier adieu que l’île Bourbon envoie à ceux qui la quittent, comme c’est la douce bienvenue qu’elle donne à ceux qui viennent la visiter.

L. Simonin.