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Cabana et Cabanilla.


VOYAGE DE L’OCÉAN PACIFIQUE À L’OCÉAN ATLANTIQUE,

À TRAVERS L’AMÉRIQUE DU SUD,

PAR M. PAUL MARCOY[1]
1848-1860. TEXTE ET DESSINS INÉDITS




PÉROU.




DEUXIÈME ÉTAPE.

D’AREQUIPA À LAMPA.
Cabana et Cabanilla. — Un prêtre selon l’Évangile. — Qui traite d’un colibri géant et de renoncules naines. — Aspect de Lampa à la nuit tombante. — Un négociant en rouenneries. — Manière d’honorer les saints. — De la fraise du Chili et de son emploi comme stimulant bachique. — Un lendemain de fête.

Pendant que mon souper cuisait, un bruit de voix s’entendit au dehors. « C’estJuan qui revient de la mine avec des amis, » dit la femme. Comme elle achevait, la porte s’ouvrit et quatre Indiens, enveloppés jusqu’aux yeux dans leurs ponchos rayés, parurent devant nous. En trouvant des inconnus établis chez eux, ils ne purent dissimuler une grimace ; mais Ñor Medina leur ayant souhaité la bienvenue, et la femme ayant montré à son mari la demi-piastre qu’elle avait reçue, leurs physionomies, un instant hostiles, se déridèrent et sourirent à l’unisson. Tandis que les nouveaux venus se débarrassaient de leurs mantes, la femme alluma une de ces torches résineuses enveloppées dans des spathes de bananier et qu’on tire des vallées de l’Est. À la clarté de ce luminaire, qui jetait plus de fumée que de flamme, les Quechuas s’assirent à terre, tirèrent de leurs bissacs une

  1. Suite. Voy. pages 81 et la note 2, 97 et 241.