Page:Le Tour du monde - 07.djvu/104

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Le régent prend ce crâne dans la main gauche, et, tenant une petite hache dans la droite, proclame à haute voix le fait que la nation est censée ignorer (p. 108) : à savoir, que le roi est mort et que lui, régent, n’a jusque-là gouverné qu’en son nom. À l’ouïe de ces prétendues nouvelles, toute l’assemblée se prosterne, chacun se couvre de terre en signe de la plus grande douleur ; mais ces manifestations ne durent qu’un moment ; le régent, déposant crâne et hache, tire son épée du fourreau et se proclame roi, sur quoi le peuple, passant immédiatement du deuil le plus profond à la joie la plus bruyante, éclate en chants et en danses, au milieu d’un concert d’instruments de musique dont l’harmonie ne fait pas le principal mérite.

Funéraille du roi. — Dessin de Foulquier d’après G. T. Valdez.

À cette occasion, il est d’usage que tous les grands et les résidents européens des sarames, ou factoreries, offrent des présents considérables. L’ensemble de toutes ces cérémonies s’appelle la Grande Coutume par excellence, pour la distinguer des autres cérémonies ou anniversaires qui portent aussi ce nom.

Jamais la soif de sang du Moloch africain ne se manifeste plus qu’en cette solennité. Des centaines, des milliers de victimes humaines sont alors immolées, sous le prétexte d’envoyer porter au feu roi la nouvelle du