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australienne qui se projette le plus avant au nord sur la mer des Moluques[1]. Bien que ces trois, voyages soient moins des expéditions scientifiques que des entreprises coloniales, l’étendue de la ligne explorée, les difficultés vaincues, la persévérance de l’explorateur, et enfin ce problème résolu pour la première fois d’une traversée complète de l’immense continent en touchant à ses parties centrales, assurent à Mac Douall Stuart une place honorable parmi les voyageurs qui ont bien mérité de la géographie. Dans les parties plus orientales, entre la ligne de route de Stuart et la nouvelle province de Queensland qui couvre tout le quartier nord-est de l’Australie, d’autres explorations aussi fort remarquables ont promptement suivi celle de Burke et Wills qui leur ouvrent la voie, et dont le Tour du Monde a raconté la lamentable issue[2] ; je ne puis que mentionner les noms de Walker, de Mac Kinlay, de Howitt et de Laudsborough, qui mériteraient mieux.

Il faudrait aussi rappeler le nom de M. de Beurmann, qui a courageusement entrepris de suivre les traces de Vogel, si malheureusement perdues en 1856, et d’arriver au Ouadây par le Bornou en contournant le sud du lac Tchad. Les dernières lettres que l’on ait reçues du voyageur sont du 28 août de l’année dernière (elles sont arrivées en Allemagne au commencement de décembre), au moment où il se disposait à quitter Mourzouk pour le Bornou. D’autres lettres plus récentes, écrites de Khartoum, y annonçaient l’arrivée de M. de Heuglin, qui venait de quitter l’Abyssinie, dont sa récente excursion nous présage sans doute une intéressante relation. Il semblait, d’après ces lettres, que M. de Heuglin se disposât, au lieu de suivre en Europe les débris disjoints de l’expédition allemande dont il eut originairement la conduite, à poursuivre personnellement le plan primitif, en se dirigeant sur le Dârfour par le Kordofan, et de là sur le Ouadây, où il aurait pu se rejoindre à M. de Beurmann. Si ce projet se fût réalisé il y aurait eu encore à attendre de ce côté d’importantes acquisitions sur les parties les moins connues du Soudan ; mais des nouvelles postérieures annoncent que l’infatigable explorateur s’est définitivement décidé à se joindre à une troupe de touristes, parmi lesquelles se trouvent deux dames hollandaises dont on a beaucoup parlé dans ces derniers temps, et qui ne projettent rien moins que de pousser jusqu’au pays des Nyam-Nyams, peuplade barbare qui demeure à l’ouest du haut fleuve Blanc, aux approches de l’équateur. Ce n’est pas un des côtés les moins remarquables des explorations actuelles de cette haute région naguère inconnue et si difficilement accessible, de la voir devenue déjà un but où ne craignent pas de se porter les voyageurs dilettantes. M. Baker nons y avait préparés.

Vivien de Saint-Martin.


FIN DU SEPTIÈME VOLUME.
  1. Les trois itinéraires de Mac-Douall Stuart, ainsi que ceux des autres explorateurs qui depuis vingt ans sillonnent l’Australie, ont été tracés par M. Augustus Petermann, l’habile et savant directeur des Mittheilungen, sur une carte remarquablement étudiée de l’Australie que vient de publier l’établissement géographique de Perthes à Gotha, pour l’Atlas de Stieler, et dont la chronique du Tour du Monde a rendu un compte détaillé.
  2. Tome V, année 1862, page 406.