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Page:Le Tour du monde - 07.djvu/84

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porte pendue au cou. Il est encore l’introducteur des étrangers auprès du roi, et tient à la main, sans doute comme insigne de sa charge, un bâton surmonté d’une clef d’argent curieusement travaillée.

3o Le tolonou, chargé de surveiller la conduite des amazones et des femmes du sérail. Il jouit à un haut degré de l’intimité du roi. C’est le seul auquel Sa Majesté daigne adresser directement la parole quand elle a quelque ordre à donner. Il verse à boire au monarque pour les nombreux toasts qu’on lui porte dans les jours de fête, et goûte d’abord un peu de la liqueur ; puis il voile la face de son maître avec un foulard de soie, car le roi ne veut être vu de personne dans le moment où il vide ou feint de vider la coupe. Enfin le tolonou est encore porteur d’un crachoir en argent à l’usage du souverain, et d’une espèce d’éventail ou chasse-mouche en plumes. C’est, comme on le voit, l’un des officiers les plus occupés de la maison royale. Celui qui était alors en charge, était un petit homme à figure joviale, très-prévenant, obséquieux même, grand prometteur et grand menteur : bref, un courtisan accompli.

4o Quelques chefs de guerre, mais qui ne nous ont pas paru jouer un rôle bien important, du moins pendant notre séjour à la cour du roi de Dahomey.

ARMES ET USTENSILES.

Quand nous fûmes assis, le roi fit un signe de la main, et tous les grands prosternés à ses pieds relevèrent la tête, mais sans cesser de rester à genoux, posture qu’ils conservèrent pendant toute la cérémonie. Un profond silence s’établit, et le capitaine Vallon, par l’intermédiaire de l’interprète, fit connaître à Ghézo les motifs de notre voyage : « Sa Majesté l’Empereur des Français, désireux de conserver l’amitié d’un monarque aussi puissant que le roi de Dahomey, dont la renommée était répandue par toute la terre, et de continuer des relations commerciales profitables aux deux nations, française et dahomyenne, envoyait l’un de ses chefs de guerre pour le complimenter et lui offrir des présents. »

Ghézo parut satisfait de ce petit discours, et, par la bouche du tolonou, il répondit à l’interprète : « qu’il savait que les blancs étaient des hommes riches et puissants, que parmi eux les Français étaient renommés par leurs richesses et leur bravoure, qu’il était très-satisfait des marques d’amitié que lui donnait le roi des Français, et que nous pouvions l’assurer que ses sujets seraient toujours bien accueillis dans les États de Dahomey. »

Puis, sur une table dressée entre le roi et nous, on servit des rafraîchissements contenus dans les flacons de cristal d’une riche cave à liqueurs de provenance européenne. Sur l’invitation et à l’exemple de Ghézo, chacun de nous prit un verre, et nous lui portâmes un toast qui fut salué des hourras de toute l’assistance et des décharges de l’artillerie rangée sur la grande place. Pendant