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Vue extérieure du palais du roi. — Dessin de Foulquier d’après un croquis de MM. Répin et Boulangé.


VOYAGE AU DAHOMEY

PAR M. LE Dr  RÉPIN, EX-CHIRURGIEN DE LA MARINE IMPÉRIALE[1].
1856[2]. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.


VIII

Religion. — Mœurs. — Gouvernement. — Industrie. — Commerce. — Beaux-arts.

Cette relation paraîtrait sans doute incomplète si je ne donnais quelques détails ethnographiques et géographiques plus particuliers sur le pays des Dahomyens.

On peut voir sur la carte (p. 67), que pour aller de Wydah à Abomey, nous avons traversé deux provinces autrefois indépendantes sous les noms de royaumes d’Ardra et de Wydah. Depuis leur réunion sous la domination unique du roi de Dahomey, ces contrées ont perdu en grande partie leur caractère original, pour prendre les mœurs et les habitudes de leurs provinces. Cependant Wydah fait exception sur un point : cette ville est la seule qui possède un temple de serpents ; il y a bien à Xavi une sorte de collége de prêtresses consacrées au même culte, mais il n’y existe pas de temple. Dès qu’on a dépassé cette petite ville, et qu’on arrive à Tauli, premier village de l’ancien royaume d’Ardra en marchant du sud au nord, on ne trouve plus de traces de cette religion. Les noirs de Wydah ne font du reste que cumuler cette superstition avec celles de toutes les autres peuplades de cette partie de la côte africaine. Je dois ajouter qu’un certain nombre d’habitants de Wydah, mulâtres ou même nègres, professent ou plutôt reconnaissent la religion catholique. Dans le temps encore peu éloigné de nous, où la traite florissait sur ces rivages, les Portugais, qui en étaient les principaux agents, avaient bâti une chapelle à Wydah et y entretenaient un prêtre de leur nation. Mais la ruine de ces négriers, autrefois si opulents, a entraîné celle de l’Église catholique de Wydah.

Dans tout le royaume de Dahomey la religion est fondée sur la croyance à deux principes en antagonisme, celui du mal et celui du bien. De là cette idée logique de remercier les divinités bienfaisantes, mais surtout de conjurer la redoutable colère des autres par toutes sortes d’offrandes et de sacrifices. On trouve çà et là autour des villes ou des villages, en général à l’ombre d’un groupe d’arbres au feuillage sombre et touffu, comme les mangottiers, une petite case ronde ou carrée, propre, bien entretenue et séparée du reste des habitations par une haie vive : c’est le temple et souvent aussi la demeure du prêtre. Les noirs y pénètrent librement, à toute heure, pour y apporter des offrandes d’huile de palme, de bananes, d’ignames, etc. ; ou même, s’ils sont riches, des volailles, un mouton ou un bœuf. C’est là une partie des revenus du prêtre, intermédiaire obligé entre le croyant et les divinités.

Entassées en grand nombre dans la cour, sous la

  1. Suite et fin. — Voy. pages 65 et 81.
  2. C’est par erreur que la date 1860 a été indiquée pour ce voyage dans les deux précédentes livraisons.