Page:Le Tour du monde - 08.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mes grâces dites, en homme qui sent toute l’importance de l’acte qu’il vient d’accomplir, j’eus l’idée de retourner au jardin pour reprendre avec l’inconnue ma dissertation sur les fleurs au point où je l’avais laissée. La crainte d’être indiscret m’en empêcha ; et puis l’air était si pur, le ciel si serein, la soirée si douce, qu’il me sembla qu’une promenade et un cigare couronneraient dignement mon souper. On ne peut pas toujours parler fleurs et psychologie, et passé trente ans toute extase est préjudiciable après un repas copieux.

Je sortis donc et marchai au hasard jusqu’à ce que la nuit fût tombée.

Quand je revins, la chola était en faction au seuil de la porte. En m’apercevant elle vint à moi :

« Ma maîtresse veut vous parler, » me dit-elle.

Je la suivis dans le jardin, où elle me laissa après m’avoir montré de la main le banc de pierre. À peine étais-je assis, que les lames de la persienne se soulevèrent.

Conversation à travers les lames d’une persienne.

« Monsieur, me dit l’inconnue de sa belle voix de contr’alto, à laquelle la nuit prêtait un charme singulier, j’ai pensé qu’avant de partir, vous ne refuseriez pas de me rendre un petit service.