Page:Le Tour du monde - 08.djvu/271

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d’élégance et recouverte en tuile rouge. L’intérieur était plutôt celui d’une salle de théâtre forain que celui de la demeure d’un souverain. Ne trouvant à la porte ni suisse ni factionnaire, nous entrâmes sans nous faire annoncer. Sa Majesté trônait sur une vieille chaise de fabrication européenne. De chaque côté de sa personne, et rampant sur les coudes et les genoux, deux officiers de sa maison lui offraient de temps en temps une cigarette allumée, de l’arack ou du bétel dont ils tenaient toujours une « chique » à la disposition du souverain. À quelques pas se tenaient quelques gardes dont les uns étaient armés de piques ornées d’une touffe de crins blancs au sommet, les autres de sabres dans leurs fourreaux qu’ils brandissaient à deux mains. À quelques degrés au-dessous de Sa Majesté, les ministres et les mandarins se tenaient dans la même position que les garde-chiques. À notre arrivée, et sur un signe du roi, nous allâmes nous asseoir à côté de lui sur des siéges pareils au sien qui furent apportés par une espèce de page. Le roi, comme ses sujets, ne porte ordinairement qu’un langouti ; celui-ci était de soie jaune retenu à la taille par une magnifique ceinture d’or dont la plaque étincelait de pierres précieuses.

Favorite du roi du Cambodge. — Dessin de Pelcoq d’après M. Mouhot.

Au Cambodge, comme au Siam, si l’on veut obtenir les bonnes grâces du roi ou des mandarins, il faut commencer par donner des présents. J’avais donc apporté une canne à fusil anglaise d’un beau travail, avec l’intention de l’offrir à Sa Majesté. Ce fut la première chose qui attira son attention :

« Veuillez me montrer cette canne, » dit-il en cambodgien. Je la lui présentai.

« Est-elle chargée ? ajouta-t-il en voyant que c’était une arme.

— Non, sire. »

Alors il l’arma, me demanda une capsule et la fit