Page:Le Tour du monde - 08.djvu/373

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Pendant ce temps-là, Gibson et moi nous étions avec les Cafres ; je n’entendais pas un mot de ce que disaient ceux-ci ; mais je conclus, d’après leur pantomime, que je devais me placer près d’un petit arbre épineux, situé à la rive d’un lac rempli de roseaux.

W. C. Baldwin. — Dessin de Janet Lange d’après une photographie.

Les Cafres s’éloignèrent, et je m’endormis profondément. Tout à coup je fus réveillé par Gibson, qui se hâtait d’escalader la colline et me criait vivement de le suivre. J’ouvris les yeux et je vis un énorme buffle, que poursuivaient nos Cafres, et qui se dirigeait vers moi. Il arrivait tête baissée, franchit encore vingt yards avant de m’apercevoir, hésita un moment, plongea dans les roseaux, entra dans le lac, et faisant jaillir autour de lui, comme une ondée de cristal, l’eau qui lui arrivait aux genoux, passa d’un trop rapide à vingt-cinq pas de l’endroit où je me trouvais. Ma balle lui cassa l’échine, par hasard, et il tomba en mugissant comme un bouvillon.

Les Cafres survenant pèle-mêle, lui lancèrent une vingtaine d’asségayes qui l’achevèrent, et parurent me complimenter beaucoup de ma prouesse. C’était me faire trop d’honneur ; car ne sachant pas pourquoi on m’avait placé là, et réveillé en sursaut, l’imprévu de la situation m’avait saisi, je le confesse, et j’avais mal tiré.