aux vice-rois ; elle existe encore, et ses cloîtres sont en bon état. Lorsque les gouverneurs viennent au vieux Goa, ils se reposent dans ce couvent où ils font entretenir quelques appartements assez confortables.
Quelques rues de Goa sont pavées en larges dalles. On ne voit plus maintenant aucune trace des fortifications qui ont couvert la ville contre les attaques de l’ennemi.
La cathédrale est une noble basilique dont le frontispice se développe sur une place aux vastes proportions. Ses deux tours carrées sont d’un beau dessin. La longueur de l’édifice est d’environ soixante-dix mètres, et la largeur de la nef d’environ vingt-sept mètres. Lorsqu’on pénètre dans la nef on est frappé du grandiose du saint lieu. Les chapelles latérales se développent au nombre de sept de chaque côté ; elles ont chacune un autel, et cet ensemble est couronné par un magnifique maître autel. On regrette que ces autels, ornés de colonnes torses, soient peints et dorés avec exagération. Les fenêtres, ainsi que l’usage en a prévalu dans les établissements portugais de l’Inde et de Mozambique, sont fermées par des vitres en coquilles de nacre, ce qui ne laisse pénétrer dans la basilique qu’un jour mystérieux.
Le trésor de la cathédrale contient des ornements d’une richesse merveilleuse.
Les églises de Goa sont les seules où j’ai vu des anneaux dorés scellés aux nervures des voûtes, ce qui permet de pavoiser complétement l’intérieur des églises, de façon à faire disparaître les pierres sous de riches tentures de soie aux couleurs variées.
À l’occasion de l’exposition des reliques, les églises avaient toutes revêtu leurs habits de fête.
Le corps de saint François qui appartenait à l’ordre des jésuites est conservé dans l’église du Bon-Jésus, qui était l’église du couvent de cet ordre.
Cette église est bâtie en forme de croix, et le maître autel est splendide. Le magnifique mausolée de saint François-Xavier est placé à la gauche du maître-autel : il représente une chapelle gothique en argent repoussé. La châsse dans laquelle repose le saint en avait été extraite, et la partie supérieure de son cénotaphe en argent ciselé surmontait cette châsse qui est en verre.
La momie est encore revêtue du costume que le saint portait de son vivant. Le visage est vermeil ; quelques cheveux gris ornent les tempes ; l’orbe de l’œil fait saillie sous ses arcades fortement accentuées et surmontées de sourcils épais. Le nez seul paraît avoir un peu souffert.
La main gauche est étendue et tient une canne en jonc à pomme d’or que ne quittait jamais, dit-on, le saint personnage. On exposait autrefois cette sainte relique sans prendre la précaution de la mettre dans une vitrine ; une dame trop fervente détacha d’un coup de dent l’un des petits doigts du pied du saint. Depuis cette époque, on a dû prendre des précautions pour que de pareils actes de dévotion ne se renouvelassent plus.
Le bras droit a été envoyé à Rome vers le milieu du dix-septième siècle et, au dire des contemporains, cette ablation ne se fit pas sans difficulté : il fallut faire des prières sans nombre au saint, qui finit par se laisser fléchir et par présenter lui-même son bras au chirurgien chargé de l’opération.
La mort de ce saint personnage arriva en 1552, à Sancian, en Chine ; les Chinois avaient jeté le corps dans une fosse de chaux vive, qui, au lieu de consumer le corps, le conserva dans l’état inaltérable où il est aujourd’hui. Le corps fut rapporté à Goa en 1554. Avant 1780, l’exposition avait lieu annuellement ; mais le corps était resté renfermé dans le cercueil depuis cette époque jusqu’en 1859, où M. le vicomte de Torres Novas voulut le rendre au culte public. On dit que la momie s’est un peu altérée depuis que l’on a amputé son bras droit.
Les Indiens de toutes castes viennent pieusement s’agenouiller aux pieds de saint François-Xavier, et baiser ses reliques. On racontait à Paugim qu’un Indien ayant rencontré, à la porte de l’église, un mendiant qui lui avait demandé l’aumône, lui avait répondu avec bonté qu’il n’avait que les deux anas nécessaires pour mettre dans la patène que l’on présentait aux pèlerins. Or, l’émotion de cet Indien fut extrême lorsqu’un moment après il crut reconnaître, dans les traits du saint, le mendiant auquel il venait de refuser une aumône ; on dit qu’il resta stupéfait et qu’il ne sortit de cet état d’anéantissement que pour s’écrier qu’il venait à l’instant même de voir le saint tout vivant devant lui. Ces apparitions n’ont du reste rien d’incroyable pour les Indiens, qui sont persuadés que Wishnou vient tous les soirs dormir sur les bords de la Chrisna.
L’église de Saint-Augustin, dont il ne reste plus aujourd’hui que des ruines, a dû être autrefois très-belle. Le couvent de Sainte-Monique est fort voisin de Saint-Augustin. Quelques religieuses y vivent encore. Ainsi que presque tous les autres, ce couvent était autrefois très-bien doté. Les quelques nonnes qui l’habitent sont aujourd’hui réduites à fabriquer des fleurs artificielles et à vendre des sucreries.
L’arsenal de Goa est très-rapproché de la vieille ville dont il n’est séparé que par une simple muraille. Les quais y sont larges et abrités par des allées bien plantées. Cet arsenal contient une artillerie nombreuse. Les matières navales vont en être extraites pour être transportées dans le nouvel arsenal de marine que l’on a créé dans une crique assez rapprochée de la rade de l’Aguada, où il est facile de communiquer de tout temps avec les navires qui sont en relâche.
La seule curiosité de l’arsenal de Goa est une pièce d’artillerie qui a six mètres de long et un diamètre de quarante-deux centimètres. Elle fut prise à Diu, lors de l’attaque de cette ville par les musulmans. Sa construction mérite d’être étudiée. Elle est faite en barres de fer rapprochées, recouvertes d’une chemise de cuivre et frettées par des cercles de même métal ; elle est chambrée ; le boulet pèserait à peu près deux cents livres. Ainsi les fameux canons Armstrong sont bien dépassés par cette ancienne pièce, sur laquelle on voit quelques gravures en relief qui représentent un éléphant.
Le territoire de Goa a une population très-dense et les habitants y paraissent heureux. Quoique leurs voisins