nue gothique où abondent, pendant un trajet d’un quart de lieue, les stalactites qui avaient tant excité notre admiration.
De là on arrive à la chambre des revenants, ainsi nommée parce qu’on y a trouvé des momies indiennes provenant sans doute des anciennes tribus qui ont peuplé le sol américain. Cette salle servait peut-être de lieu de sépulture. Malgré son nom sinistre, elle était fort animée et très-éclairée. Les femmes des guides y ont établi une espèce de café où l’on vend des liqueurs de toute espèce, et où on lit les journaux. Ô profanation ! Là se tiennent des invalides, des malades, et spécialement des poitrinaires, sur lesquels l’atmosphère de ces souterrains exerce une salutaire influence, selon ce que prétendent les médecins du pays.
Ce qu’on y voit de plus remarquable, c’est un immense squelette de mastodonte presque entier, dressé au milieu de la salle, et qui donne lieu aux questions et aux réponses les plus saugrenues de la part des touristes, fort peu au courant des travaux de l’immortel Cuvier.
Mon attention fut surtout attirée par une sorte de bassin creusé dans le roc où l’une des femmes des guides fait voir, moyennant rétribution, et vend même, quand on le désire, des sirédons, espèce de batraciens à tête et à corps de poisson et à pattes de grenouille, et des cyprinodons, petits poissons complétement privés de vue, leurs yeux étant oblitérés par la nuit où ils vivent.
On pêche ces animaux dans une rivière qui coule dans les grottes, et j’en achetai quelques exemplaires pour les dessiner. La même femme a aussi un éventaire d’os soi-disant antédiluviens à dix cents au choix. On