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Enfin arriva le mandarin qui devait servir de guide. Il fit éviter le centre de la ville : l’étroitesse des rues, et le mauvais état des dalles de pierre qui les pavent, rendant presque impossible le passage des voitures ; puis on s’engagea dans un faubourg très-populeux qui longe le grand canal de Pékin, et on arriva à la nuit noire au palais militaire désigné pour l’habitation des ministres de France et d’Angleterre.

À Toung-Tcheou, comme dans les autres étapes, les autorités locales s’empressèrent de venir présenter leurs respects, et offrir leur service aux grands mandarins de l’Occident, mais les interprètes avaient reçu l’ordre de tout refuser, sauf le combustible et le fourrage pour les chevaux. Il est vrai que les nombreux Chinois, qui étaient accourus sous différents prétextes se mettre à la disposition des étrangers, présentaient un contraste complet par leur avidité, et leurs demandes incessantes avec la généreuse hospitalité offerte par les mandarins d’un rang supérieur.

Toung-Tcheou est une grande ville de quatre cent mille âmes, reliée à Pékin par une voie de douze kilomètres. Elle est assise sur un bras du Peï-ho canalisé, et sur un vaste canal qui permet aux marchandises de la capitale de descendre jusqu’au fleuve.

Vue de la ville de Ma-Tao. — Dessin de Lancelot d’après un croquis pris sur les lieux.

L’origine de Toung-Tcheou se perd dans la nuit des temps : c’est une des plus antiques cités du nord de la Chine. Ses hautes murailles, l’étroitesse de ses rues, le mouvement de sa population, la quantité de ses temples et de ses pagodes, ses sculptures grotesques, ses peintures aux couleurs éclatantes rappellent un peu l’aspect de Canton.

Cette ville n’est, à vraiment parler, qu’un faubourg de Pékin, auquel elle est jointe par une série de maisons et de constructions.

M. de Bourboulon trouva à Toung-Tcheou M. de Meritens qui revenait de Pékin où il était allé la veille pour annoncer la prochaine arrivée de la légation.

Il fut décidé, qu’il était plus convenable que les deux ministres se séparassent, afin de faire isolément leur entrée dans la capitale ; le ministre d’Angleterre attendit un jour de plus à Toung-Tcheou, et, dès le lendemain, 22 mars, M. de Bourboulon se mit en route pour Pékin.

Au sortir de la ville, on suit pendant quelque temps une voie dallée qui longe le canal et va le franchir sur le pont de Pa-li-Kiao, devenu célèbre par la bataille qui y avait été livrée le 21 septembre de l’année précédente.

La plaine de Pa-li-Kiao est couverte de bosquets : des groupes de maisons de campagne, de petites pagodes sont reliées entre elles par des massifs épais d’ar-