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Vallée d’Outhoungu. — Dessin de A. de Bar.



LES SOURCES DU NIL, JOURNAL D’UN VOYAGE DE DÉCOUVERTES,

PAR LE CAPITAINE SPEKE[1].
1860-1863. — TRADUCTION INÉDITE. — DESSINS EXÉCUTÉS D’APRÈS LES ILLUSTRATIONS ORIGINALES DE L’ÉDITION ANGLAISE.


VII


L’Ouzinza.

Le 23 juillet, épuisé par mes marches et contremarches, et plus encore fatigué de tant de contrariétés, j’arrivai à la résidence de Lumérési, l’un des principaux roitelets de l’Ouzinza. Nous ne l’y trouvâmes point, mais il revint le soir même dans sa boma, sorte de palais de gazon, ayant l’apparence d’une meule de foin et fort inférieure au moindre tembé ou demeure des Arabes de Kaseh (voy. p. 308). Là, pour célébrer notre arrivée, il fit battre tous ses tambours. Je ripostai par trois coups de fusil à celui qu’il avait tiré en notre honneur ; dans la soirée, tandis que je m’occupais d’observations astronomiques, je me sentis envahi par un froid si intense, qu’aussitôt après avoir déterminé la position, je crus devoir m’aller mettre au lit. J’y restai cloué par une fièvre ardente et, le lendemain, il me fut impossible de me relever. Mille symptômes alarmants, accompagnés de souffrances aiguës, se compliquaient pour moi pendant mon sommeil d’un tas de visions absurdes : je combinais, par exemple, avec sir Roderick Murchison, une marche à travers l’Afrique, je voyais affluer dans mon camp des êtres bizarres, moitié hommes et moitié singes, accourus pour m’annoncer que mon compatriote Petherick, parti de Khartoum, m’attendait avec des barques sur le N’yanza, etc.

Lumérési était venu me voir dès le matin « pour s’enquérir, disait-il, de mon état, » et, désireux de sortir promptement de ses mains, je l’avais reçu avec tous les

  1. Suite. — Voy. pages 273 et 289.