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Un jour que nous passions devant un blokhaus ou poste d’hiver appartenant à la Compagnie de l’Opposition, notre capitaine trouva charmant de débarquer tout son équipage et de démolir maisons, bastions et palissades ; le tout fut transporté à bord et brûlé dans la journée. Quelques jours après, le bateau de l’autre Compagnie se vengea en renouvelant, sur un autre point, l’innocente plaisanterie de notre capitaine et détruisant complétement un poste d’hiver de la Compagnie Américaine.

Cette longue navigation devient fatigante et monotone ; jour après jour, nous remontons le grand fleuve, et le volume d’eau qu’il roule sur son lit de vase semble augmenter sous notre carène, les îlots de troncs d’arbres sont moins nombreux, les épais massifs de cotonniers qui bordaient les rives font place à des prairies à perte de vue et, parfois, une colonne de fumée visible à l’horizon nous indique un campement d’Indiens.

Les nuits sont brûlantes : dès que le bateau est amarré à la rive, des millions de moustiques envahissent le salon et les cabines. Alors, malgré la chaleur, il faut se ganter et s’envelopper la figure et le cou à grand renfort de foulards et de cache-nez.


II


Arrivée au fort Pierre Chouteau. — Indiens. — Festin, etc.

Enfin, après une traversée de trente-deux jours, nous apercevons, à travers la brume du matin, l’im-