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sous le nom d’Élim, et où il y avait douze fontaines et soixante-dix palmiers.

Aujourd’hui, nous avons marché dix heures.


Wadi-Tâl. — Ras-Abou-Zelimèh. — Wadi-Schellal. — Wadi-Nokatteb (la vallée écrite). — Les inscriptions sinaïtiques.

22 février. — La journée d’hier a été pénible ; nous restons à Wadi-Garandel jusqu’à midi. Sous les tamarix et les palmiers coule un filet d’eau douce. Que faut-il de plus pour être heureux, quand on vient de respirer du sable pendant trois jours ? Nous jouissons en sybarites de notre halte. Nous nous donnons même le plaisir d’une chasse innocente à des gazelles imaginaires, guidés ou promenés par un de nos Bédouins. Après tout, nous avons du moins la satisfaction de nous dire que nous aurions pu trouver mieux que des gazelles, car je distingue sur le sable des empreintes de bêtes fauves. Deux Arabes viennent un moment après nous offrir des peaux de léopards récemment tués.

Nous partons de Wadi-Garandel à midi, et à quatre heures et demie nous arrivons à Wadi-Tâl.

Le désert prend de plus en plus de physionomie ; les rochers commencent à s’élever et le sable devient plus rare. La lumière est aussi plus éclatante encore, ce que nous n’avions pas cru possible ; les montagnes ont des colorations qui feraient crier au scandale le public de nos expositions de peinture. Elles sont rouges et noires ; quelquefois elles paraissent vertes, ce qui ferait croire qu’elles sont couvertes de végétation, et cependant ce ne sont que des surfaces de roches nues. Les couchers et les levers du soleil sont toujours d’un aspect merveilleusement beau.

23 février. — Partis de Wadi-Tâl à sept heures. À midi nous arrivons au bord de la mer Rouge, à Raz-Abou-Zelimèh, où nous déjeunons.

Une heure après avoir quitté Raz-Abou-Zelimèh, nos chameaux entrent dans la mer que nous côtoyons : il n’y a pas d’autre chemin. Les falaises et les montagnes de granit rose ou de basalte qui bordent notre route, ont les formes les plus tourmentées qu’on puisse imaginer et sont toujours admirables.

À quatre heures nous arrivons à Wadi-Schellal.

24 février. — Plié la tente à huit heures. Nous passons par Wadi-Mokatteb (la vallée Écrite), un des plus beaux sites de la presqu’île. Les rochers qui forment cette vallée portent en grand nombre des caractères dits sinaïtiques.

Profil d’un rocher de la vallée écrite. — D’après le Voyage à l’Arabie Pétrée de M. Léon de Laborde.

Cosmas Indicopleustes, voyageur égyptien du sixième siècle de notre ère[1], paraît être le premier qui ait fait mention de ces caractères ; il les attribue aux anciens

  1. Voyez une traduction nouvelle de l’ouvrage, très-singulier et très-important, de ce moine, mort vers l’an 550, en tête du vo-