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trement militaire de quelques-uns de nos résidants donnerait à rire, si on pouvait en avoir envie dans un semblable moment.

« Peut-être, cependant en sera-t-on quitte pour une panique de quelques jours ; on n’a encore signalé que de faibles parties de rebelles dans nos environs ; leur principale armée est restée campée à Kia-Hing depuis quelques semaines sans faire de mouvements offensifs ; je ne puis croire que les Taï-pings aient l’audace de s’attaquer aux Européens, et quand ils n’auront plus de vivres, il faudra bien qu’ils aillent dévaster une autre province. »

Paysans chinois réfugiés à Shang-haï. — Dessin de E. Bayard d’après un croquis fait d’après nature.


18 août, midi.

« Une grande rumeur entrecoupée de cris aigus et lugubres est venue nous surprendre ce matin.

« Ce sont les populations de la campagne qui fuient devant les rebelles, dont l’armée s’est enfin ébranlée et marche sur Shang-haï. »

« Rien ne peut donner une idée de ce bruit sourd et sinistre qu’on entend sans cesse : ces malheureux fermiers chinois viennent ici chercher un asile qu’ils savent bien qu’on ne leur refusera pas.

« La ville en est remplie ; ils campent partout, dans