Page:Le Tour du monde - 10.djvu/120

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Pressé par mes questions, le doyen avoua, non sans un peu d’embarras, que les anciens habitants de Pfäfers (c’est-à-dire les moines) n’avaient pas autrefois, surtout dans les derniers temps, exercé une bonne influence.

« Tout ce qui descendait de là, me dit-il, n’était pas du ciel.

« Depuis leur sécularisation, et aussi depuis que les terres des couvents divisées entre les paysans ont été mieux cultivées, les habitudes du village sont devenues de plus en plus décentes et dignes ; en même temps le bien-être augmente. »

Je crois que le bon M. Federer conserve quelque rancune morale contre un canton voisin.

L’abîme de Pfäfers.

« Nous avons encore ! murmura-t-il, à nous débarrasser de quelques reliques (reliquiæ, restes, mauvais restes) de ces Grisons ! »

Et sa main s’agitait du côté des montagnes de l’Ouest peuplées de pasteurs qui ont gardé, dit-on, quelque rouille d’anciennes mœurs peu édifiantes.

Il a beaucoup à faire dans sa cure. Une partie de ses ouailles est éparses sur les versants, une autre sur les bords du Rhin. Le village de Maienfeld qu’on voit en face de Kagaz de l’autre côté du fleuve, dépend de Coire et est protestant, mais quelques-uns de ses habitants sont catholiques, et comme la résidence de leur prêtre est très-éloignée, c’est le curé de Ragaz qui leur porte habituellement « la parole de paix. »

Son devoir de visiter souvent les écoles, confortablement établies dans une maison voisine du presbytère, est à son gré l’un des plus doux.

Je le priai de me donner quelques détails sur ces écoles.