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Vue du lac de Nossi-Be (île d’Ambanimène). — Dessin de Catenacci.



MADAGASCAR À VOL D’OISEAU,

PAR M. DÉSIRÉ CHARNAY[1],
1862. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.


IV (Suite.)


Mœurs et organisation malgaches. — Le cimetière. — Départ. — Bénédiction de l’aïeule.

Si l’un des membres de la famille tombe malade, tous les travaux sont suspendus ; chacun s’empresse ; les uns vont chercher des simples, d’autres interrogent le sort sur la cause de la maladie et les moyens de la guérir, pendant que les amis s’occupent des provisions et des choses nécessaires au ménage. Si le mal empire, la case se remplit alors de parents, d’amis et d’alliés venant mêler leur douleur à la douleur de la famille.

Cette douleur et cette affection s’étendent jusqu’aux esclaves, qui se considèrent comme enfants de la maison. Ils mangent à la même table, sont vêtus à peu de chose près de la même manière. Un étranger les distinguera difficilement, car dans leur langage ils appellent le chef « le père » et la maîtresse du logis « la mère. »

Comme partout au monde, la stérilité chez une femme est un affront pour elle, et elle m’a paru fréquente chez les Malgaches ; l’espèce de polygamie dans laquelle ils vivent doit en être la raison dominante : c’est la chasteté qui fonde les grandes familles.

La femme malgache qui désire des enfants et craint de n’en pas avoir, consulte les sikidis (sorciers), invoque les esprits ou se livre à la superstition suivante : elle choisit une pierre d’une forme bizarre, facile à distinguer des autres et va la placer sur le chemin du village, en quelque endroit cher aux esprits ; et si cette pierre, après un laps de temps convenu se retrouve à la même

  1. Suite. — Voy. p. 193 et la note.