Page:Le Tour du monde - 10.djvu/244

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indigènes, coiffé de son immense chapeau en forme d’ombrelle et portant sur une traverse en bambou des paniers de toutes sortes, tous en bambou également ; ce sont des corbeilles plates, des cônes pour faire cuire le riz à la vapeur, des tamis, des boîtes pour serrer la petite monnaie et qui ressemblent à des nids d’oiseaux, des cuillers de cuisine en coco, etc. : le marchand disparaît presque tout entier sous sa gracieuse marchandise.

« Moi, pallé fallançais, me dit un enfant du Céleste Empire qui ne peut pas prononcer l’r, moi, pallé fallançais.

— Ah !… Eh bien ! vends-moi un pantalon de nuit et une camisole de coton.

— Là, messel, toutsuitt, messel ? Mizol, patalo ! Thjiélanna, cabaya. Là, messel, là.

— Comment dis-tu ?

— Thjiélanna, patalo, messel ! Mizol, cabaya ! Bon macé, messel ! good, wehy good, messel ! ajoutait-il en étirant les objets qu’il me montrait, de manière à prouver leur solidité au plus incrédule chaland.

La cueillette du siry. — Dessin de M. de Molins.

— Et combien vends-tu le thjiélanna et le cabaya ?

— Dou loupi, patalo ; dou loupi, mizol.

— Une roupie les deux, dis-je à mon tour.

— Dou loupi, messel, c’est pas cel.

— Une roupie, te dis-je.

— No, messel, tlop bon macé ! Bankloutt, messel.

— Comment ? Banqueroute, veux-tu dire ?

— Bankloutt messel, bankloutt !

— Mais c’est le prix ?

— Bankloutt ! bankloutt. »

Et mon Chinois indigné plie immédiatement bagage et me tourne le dos sans daigner même me saluer.

Il est vrai qu’à l’heure du dîner, quand j’aurai bien bataillé avec mes marchands et commencé mon appren-