Page:Le Tour du monde - 10.djvu/363

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main de la loi, et les cinq doigts faisaient allusion aux cinq préceptes fondamentaux : croire en Dieu et en son prophète, prier, faire l’aumône, jeûner pendant le rahmadan, et aller en pèlerinage à la Mecque et à Médine. Mais la main était surtout un symbole qui avait la vertu d’empêcher la fascination et les sorts ; on la portait comme une amulette, et l’usage en était si général chez les Mores de Grenade que l’empereur Charles-Quint, qui ne négligeait aucun moyen de persécution contre les Morisques, défendit par une pragmatique ou injonction publiée une trentaine d’années après la conquête, l’usage des petites mains d’or, d’argent ou de cuivre que les femmes et les enfants portaient habituellement à leur cou ; et nous ferons à ce sujet une remarque : c’est que les coutumes superstitieuses sont tellement difficiles à déraciner chez les peuples, que l’usage des amulettes ayant la forme d’une main est encore très-répandu en Andalousie ; cette main est ordinairement en jais, et on l’appelle encore de son nom arabe la mano de azabache ; on la suspend à la ceinture des enfants, à la tête des chevaux et des mules, et même à la cage des oiseaux, et on lui attribue la vertu de préserver du mauvais œil, — el mal de ojo, — dont on croit certaines personnes douées, même involontairement.

Famille de musiciens nomades. — Dessin de Gustave Doré.