faits avec la feuille roulée du palmier et le petun, lesquels jouaient un grand rôle au Brésil dans les cérémonies des Tupinambas, et chez les Caraïbes des Antilles, toutes les fois qu’il fallait décider de la paix ou de la guerre, évoquer les mânes des ancêtres, etc., et que les premiers navigateurs prirent pour des torches.
En se plaçant à un point de vue général, on peut distinguer à la fois dans la population du Paraguay :
Des hordes d’Indiens indépendants (Indios bravos) ; des Indiens soumis ; des métis à tous les degrés de la race autochtone avec la race latine ; quelques Nègres, en très-petit nombre ; des hommes de couleur provenant de leur mélange, soit avec les blancs, soit avec les Indiens ; enfin des blancs, issus pour la plupart des alliances contractées par les conquérants avec les femmes indigènes, à une époque plus ou moins reculée. Ils constituent la masse de la population, et prennent le nom de créoles ou fils du pays, lorsqu’ils veulent se distinguer des quelques rares Espagnols venus d’Europe, et qui ont échappé aux persécutions du docteur Francia ; ils ont d’ailleurs perdu toute trace de sang guarani.
Pour quelle part, selon quelles proportions, chacune de ces catégories entre-t-elle dans le chiffre de la population totale ?
Sans s’écarter beaucoup de la vérité — impossible à connaître d’une manière rigoureuse, — on peut établir que les blancs entrent pour six dixièmes dans la masse de la population ; les Indiens pour deux dixièmes, et les hommes de couleur et les métis à tous les degrés et de toute race, pour le reste, soit deux dixièmes.
À la fin du siècle dernier, la population totale du Paraguay s’élevait, d’après un recensement officiel, à quatre-vingt-dix-sept mille quatre cent quatre-vingts individus.
Depuis cette époque, un ensemble de circonstances très-favorables a contribué à l’accroissement de cette population, laquelle s’élève très-probablement aujourd’hui au chiffre, déjà fort éloigné du précédent, de six cent mille âmes.
L’Afrique n’est jamais entrée que pour une faible part dans la population du Paraguay, à laquelle elle a cependant fourni des esclaves pendant plusieurs siècles. Mais la position méditerranée de la province, l’absence de communications directes avec le littoral, l’obligation imposée aux habitants de tirer les nègres de Buenos-Ayres, en doublant leur valeur, ont de tout temps fait obstacle à leur introduction sur une large échelle. Après la chute du gouvernement colonial, le docteur Francia,