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dix-huitième et le quatre-vingtième degré. Des flottes de navires hollandais, anglais et français se rendaient dans ces parages et tous les bâtiments revenaient chargés d’huile et de fanons. Quand la baleine devint plus rare on la poursuivit jusque dans la banquise où la mer est souvent libre par places ; les baleiniers hollandais ne craignaient pas de mettre toutes voiles dehors et de fendre la glace compacte avec la cuirasse qui garnissait l’avant de leurs navires ; ils poursuivaient dans ces lacs intérieurs les baleines qui se croyaient à l’abri de leurs coups. Pour traverser de nouveau la banquise et retrouver la pleine mer, ils se fiaient aux vents et aux courants. Les navigateurs envoyés à la recherche de John Franklin ont seuls égalé l’audace de ces hardis marins. Cependant le nombre des baleines diminuait chaque année. La femelle ne donne naissance qu’à un seul petit après une gestation de dix mois, et les baleines pourchassées au Spitzberg se sont réfugiées sur les côtes du Groenland et dans la baie de Baffin, où les baleiniers vont les chercher actuellement jusque sous le soixante-dix-huitième degré de latitude dans les détroits de Lancastre et de Melville.


Oiseaux.

En été, le nombre des oiseaux qui hantent le Spitzberg est incalculable, mais la liste des espèces est fort courte : elle ne s’élève pas au-dessus de vingt-deux, dont deux seulement sont des oiseaux terrestres[1] ; les autres sont des oiseaux marins ou aquatiques. Une seule espèce, le Lagopède du Nord, n’émigre pas ; tous les autres sont de passage. La plupart ne visitent le Spitzberg que pour y couver leurs œufs ; mais si le nombre des espèces est restreint, celui des individus est si considérable que leur présence anime les côtes silencieuses et désolées du Spitzberg. Au premier abord, on a de la peine à se rendre compte de ce prodigieux concours. La terre est couverte de neige, la végétation très-pauvre ; les insectes, au nombre de quinze espèces seulement. Un petit nombre de marais tourbeux entre les montagnes et la mer ne nourrissent ni vers, ni mollusques, ni poissons, mais la mer fourmille d’animaux, surtout de mollusques et de crustacés ; ici le nombre des espèces est également limité ; on ne connaît que dix espèces de poissons des côtes du Spitzberg. Le merlan polaire est le plus commun de tous.

Renards bleus rongeant les souliers des matelots. — Dessin de V. Foulquier.

Un grand nombre d’oiseaux marins, qui l’hiver habitent nos côtes, vont pondre au Spitzberg, où ils sont sûrs de trouver une nourriture abondante et la paix. Tous ne pondent et ne couvent pas indifféremment sur tous les points de la côte. Les uns, telles que les oies, se plaisent sur les rivages de la grande terre ; les autres, les eiders et le stercoraire, affectionnent les petites îles basses et semées de flaques d’eau ; la plupart se réfugient

  1. Liste des oiseaux du Spitzberg.

    Passereaux. Emberiza nivalis, L.

    Gallinacées. Lagopus hyperborea. (Tetrao lagopus, L.)

    Échassiers. Charadrius hiaticula, L. ; Tringa maritima, Bruenn. ; Phalaropus fulicarius, L.

    Palmipèdes. Sterna arctica, Temm. ; Larus eburneus, Phipps ; L. tridactylus, L. ; L. glaucus, Bruenn ; Lestris parasitica, Nils ; Procellaria glacialis, L. ; Anser bernicla, L. ; A. leucopsis, Bechtst. ; A. segetum, Gm. ; Anas glacialis, L. ; Somateria mollissima, L. S. spectabilis, L. ; Colymbus septentrionalis, L. ; Uria grille, L. ; U. Brunnichii, L. ; Alca alle, L. ; Mormon arcticus, L.