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vement nos loisirs lors de notre séjour à Swansea. Nous parcourûmes aussi les mines de charbon dont quelques-unes sont situées près des usines et de la ville. Elles sont de la plus grande importance pour les fondeurs auxquels elles fournissent tout le combustible qui leur est nécessaire. Le surplus, on l’a vu, est destiné a l’exportation, et forme en se dirigeant vers le Cornouailles, le Devon et tous les autres pays producteurs de minerais de cuivre, un utile élément d’échanges. La qualité surtout exploitée à Swansea est l’anthracite, dont j’ai déjà parlé à propos des charbons de Cardiff et du combustible en usage dans les usines à cuivre.

L’une des houillères est située près de l’usine Vivian, sur une hauteur. La maison du puits, la cheminée de la machine à vapeur d’extraction couronnent assez pittoresquement le coteau, et un long couloir en bois, soutenu par de grêles charpentes, sert à la descente du charbon. Ce couloir passe au-dessus de la route qui longe la vallée de Swansea. On verse ainsi le combustible directement au pied des fours des usines à cuivre et au bord du canal. Il n’y coûte pas plus de trois à quatre shillings la tonne de mille kilogrammes, soit trois francs soixante-quinze centimes à cinq francs. Ce prix si bas donne la clef du principal avantage dont jouissent les fondeurs de Swansea.


III

LA LANGUE ET LES MŒURS DU PAYS DE GALLES.


Le Welche. — Les bardes. — Les eisteddfodau. — Conquête des Galles par Édouard Ier. — Le prince de Galles. — Difficultés du Welche. — Les Bas-Bretons et les Gallois. — Le Welche condamné à périr. — Le chiffonnier des familles.

Bien que venus dans le pays de Galles surtout pour y voir des houillères et des fonderies de cuivre, les habitants aussi nous intéressaient, ces énergiques Gallois


Swansea : Les usines et les docks. — Dessin de Durand-Brager.


qui ont gardé leur langue et leurs coutumes primitives, qui ont si longtemps résisté à la conquête saxonne et normande, et dont il est bien temps de dire ici quelques mots.

C’est à Swansea que commence à proprement parler le pays de Galles. À Cardiff, où nous sommes déjà passés, à Newport où nous nous arrêterons en quittant le pays, l’élément étranger domine, ou du moins la race galloise s’est peu à peu fondue avec la race saxonne et normande ; mais à Swansea et plus avant dans l’ouest et dans l’intérieur, les mœurs et les usages welches sont assez bien conservés. Ainsi nous avons déjà signalé chez les femmes de la campagne, à Swansea, le chapeau de feutre et le jupon de laine traditionnels. La langue galloise est aussi parlée à Swansea concurremment avec l’anglais, et dans des comtés plus éloignés, par exemple ceux de Carmarthen et de Cardigan, il n’est pas rare de rencontrer des habitants, au moins dans les montagnes, qui ne savent pas un mot d’anglais et ne comprennent que le gallois.

Cette langue galloise ou welche qui tend de jour en jour à disparaître devant l’unification anglaise, a eu ses beaux jours littéraires à l’époque de la chevalerie. Les bardes des Galles, descendants directs des druides, chantaient alors, ainsi que nos troubadours et nos trouvères, les hauts faits du roi Arthur et les gestes de l’enchanteur Merlin ou Merrdhyn, issus, dit-on, tous les deux du beau pays de Galles. Les traditions nationales, les belles actions des héros étaient également conservées par les chantres gallois.

Si les troubadours et les trouvères ont disparu de France, les bardes welches existent toujours. Fidèles comme leurs glorieux ancêtres à la harpe à neuf cordes (est-ce en l’honneur des Muses ?), ils se réunissent de loin en loin dans des assemblées solennelles, nommées eisteddfod ou Cwymrygyddion dans la langue du