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rel de lord Dudley, attaché aux usines à fer de son père, fit des expériences pour fondre le fer avec la houille ; mais ses essais ne réussirent pas.

Ce n’est qu’en 1713 que l’on arriva enfin à employer la houille avec avantage dans les hauts fourneaux. Cette heureuse application du combustible minéral ranima l’industrie du fer près de s’éteindre en Angleterre. Cependant, en 1740, il n’y avait encore dans le pays de Galles que sept hauts fourneaux produisant deux mille tonnes de fonte par an. Les soufflets étaient précédemment conduits à la main ou par l’eau ; avec la houille, il fallut souffler plus d’air, et employer, par conséquent, de plus puissants mécanismes. La machine à vapeur venait justement d’être inventée, et par les améliorations que Watt y introduisait, elle arrivait presque à la perfection. Aussi voyons-nous la production annuelle des usines galloises atteindre alors (1788) dix mille tonnes de fer, et, avec les puissantes machines de Watt, vingt et trente mille tonnes, et jusqu’à quatre-vingt mille en 1806 avec quarante hauts fourneaux. En soixante-six ans, le nombre de feux avait sextuplé, et la production était devenue quarante fois plus forte.

Mais tous les progrès ne sont pas encore réalisés, car c’est vers cette époque qu’on invente dans le pays de Galles le puddlage et le laminage du fer qui a fait faire à la sidérurgie un si grand pas.

Enfin, en 1837, l’emploi de l’anthracite et de l’air chaud est également tenté avec grand succès dans les usines galloises.

Ces divers perfectionnements ont profité à toutes les forges anglaises et à celles du continent, mais surtout à celles du pays de Galles où ils ont pris naissance. C’est


Le viaduc de Crumlin. — Dessin de Durand-Brager.


ainsi que la sidérurgie a été de plus en plus en progrès dans cette région favorisée ; si bien qu’il y a aujourd’hui quatre fois plus de hauts fourneaux qu’il y a soixante ans (cent soixante), et que ceux-ci produisent douze fois plus, un million de tonnes de fer, dont le dixième environ à l’anthracite, et le reste au coke. Un million de tonnes de fer, c’est tout ce que produit la France ! Le Royaume-Uni tout entier produit quatre fois plus.

Telle est cette double industrie galloise de la houille et du fer à laquelle il faut joindre aussi celle du traitement du cuivre à Swansea. Le sud du pays de Galles tout entier tire ses ressources de ce travail. Les ouvriers des mines, des usines y trouvent d’ordinaire un salaire suffisamment rémunérateur, et si nous avons constaté quelque misère dans le pays, il n’en faut accuser sans doute que l’ouvrier gallois, auquel manque l’esprit d’ordre et d’économie, l’habitude de l’épargne, peut-être une instruction suffisante, toutes choses sans lesquelles l’ouvrier ne peut pas s’élever au-dessus de sa condition ni se faire honneur à lui-même.

Pour nous, nous avons gardé de nos diverses visites dans le pays des mineurs et des fondeurs la plus agréable impression, malgré quelques taches au tableau. C’est encore dans ces grands centres du travail qu’il faut aller étudier les curieux procédés de l’industrie, reine de notre temps, et nous serions heureux si nous avions pu faire participer utilement les lecteurs du Tour du Monde au peu que nous avons appris et observé dans notre course rapide à travers les Cornouailles et les Galles.

L. Simonin.