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Page:Le Tour du monde - 15.djvu/300

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heure et demie. Encore faut-il avoir soin de profiter de la marée montante ; sinon, l’on court le risque de ne pouvoir aborder qu’à la suite de manœuvres aussi longues qu’ennuyeuses, opérées au moyen de petits bateaux plats, que les coulies du Hatoban firent à bras, en cheminant, les jambes plongées dans la vase jusqu’au-dessus du genou.


Lonines en embuscade. — Dessin de A. de Neuville d’après des croquis japonais.

Nulle ville ouverte ne présente un aspect plus inhospitalier que Yédo, vue du côté de la mer. L’on dirait un parc immense dont l’entrée est interdite. Les collines, richement boisées, sont parsemées de chalets et de vieux temples aux énormes toitures. À leur pied, s’étendent de longues rues de maisons en bois et quelques bâtiments aux murailles blanches ; mais sur toute la vaste étendue de l’arc de cercle que la baie dessine entre Sinagawa et le Hatoban, l’on ne distingue absolument rien qui réponde à nos notions de quais, de port, de débarcadère : partout des murs, des planches, des palissades ; nulle part des escaliers, des jetées, quoi que ce soit qui invite à prendre terre. Le Hatoban lui-même se cache derrière une palissade en grossier pilotis, ayant deux issues latérales sur la baie, et il se compose tout uniment de trois ou quatre mauvaises planches jetées sur quelques pieux en avant d’une terrasse munie d’une palanque, dont la porte donne accès dans la cour des bâtiments de la douane.

C’est là que les délégués du gouvernement japonais souhaitent la bienvenue aux envoyés étrangers et les prient d’agréer les services de la garde d’honneur que le Taïkoun a bien voulu charger du soin de leur protection. Ces formalités accomplies, les principaux personnages des deux nations en présence montent à cheval ou en palan-