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Un bateau à vapeur sur le Volga. — Dessin de Moynet.


LE VOLGA,


PAR M. MOYNET[1].


1864. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.


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Astrakan, son passé et son présent. — Intérieur tatar. — Les pêcheries. — Une réception princière. — Cérémonies religieuses. — Les courses. — Une caravane dans le désert. — Chasse au faucon.

Astrakan (l’Étoile du Désert), dont l’histoire remonte pour nous au douzième siècle, date pour les Orientaux d’une époque qui se perd dans l’histoire des peuples tatars.

Pendant les douzième, treizième et quatorzième siècles, cette ville était l’entrepôt général des marchandises de l’extrême Orient. Ce fut pour s’emparer de ce commerce, que les Génois vinrent jusqu’au Don en 1220. Quand les Turcs se rendirent maîtres de Constantinople, ils fermèrent les Dardanelles et supprimèrent d’un seul coup, au profit de Smyrne, le commerce des Génois et la suprématie d’Astrakan.

Au quinzième siècle, la découverte du passage par le cap de Bonne-Espérance acheva la ruine de la ville. Aujourd’hui, Astrakan n’est plus une capitale ; c’est un chef-lieu de province ; elle a de trente-cinq à quarante mille habitants, population qui augmente d’un tiers au moment de la pêche. Les Russes y sont en minorité.

Le port d’Astrakan a conservé toutefois une certaine importance et peut même en acquérir davantage, si la population augmente en Russie. Il est, par la mer Caspienne, en relation directe avec la Perse et le Turkestan. Au printemps, des caravanes y arrivent de l’est et de la Sibérie orientale, et apportent des quantités considérables de marchandises, qui remontent par le Volga.

Placée par 46°,21 de latitude nord entre les sables des steppes et la mer Caspienne, assise à quelques pieds seulement au-dessus des eaux de cette mer, dont le niveau est lui-même déprimé de plus de vingt-cinq mètres au-dessous de celui de l’Océan, Astrakan doit à sa situation un de ces climats que Humboldt qualifie d’excessifs. Si, grâce à la chaleur rayonnante de la concavité dont elle occupe le centre, de fortes chaleurs estivales favorisent dans ses environs la culture de la vigne, et mûrissent en quelques semaines les fruits du midi de l’Europe, cela n’empêche pas les vents du nord et de l’est d’y amener en hiver des froids de 30 degrés de glace. L’écart du thermomètre entre les deux solstices y dépasse souvent 70 degrés.

Telle qu’elle est aujourd’hui, la ville d’Astrakan n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut autrefois. La guerre

  1. Suite et fin. — Voy. pages 49 et 65.