tution, me faisaient douter de la réussite de votre entreprise.
L’horreur d’une solitude aussi extraordinaire,
d’un désert sauvage, que non-seulement les hommes,
mais encore les bêtes féroces craindraient d’habiter,
m’inspirait de la terreur. La grossièreté de vos vêtements,
l’austérité de votre nourriture, la dureté de
votre couche, l’obligation de ne pas quitter votre cellule
à moins de motifs graves, la crainte des voleurs qui ont
déjà assassiné deux de vos prédécesseurs, tout m’engageait
à vous détourner de cette voie si pénible dans
laquelle vous cherchez la perfection, etc… » L’ermitage
de Franchard devint par la suite un monastère considérable.
Il fut ruiné pendant les guerres du quatorzième
siècle et plusieurs fois envahi par des brigands. Il paraît
que les traditions des austérités religieuses s’y
étaient perdues, car Louis XIV le fit détruire, en 1712,
afin qu’il ne fût plus un asile de débauche, ni un repaire
de voleurs. Un mur, flanqué de contre-forts, faisant
Vieux chêne dit : le Pharamond (la Tillaie) — Dessin de feu Desjobert.
partie d’une maison de garde, est tout ce qui reste du
monastère ; et un café-restaurant, le seul établi dans la
forêt, ainsi que le concours journalier de calèches, de
chars à bancs, de promeneurs, ont tout à fait effacé
l’idée de ce désert « fort affreux, » dont parle Dangeau
dans son journal, « où l’on n’avait jamais chassé, » et où il
signale comme un fait extraordinaire que Monseigneur
et Madame aient été courre le cerf, le 20 octobre 1687.
À la différence de la plupart des forêts, celle de Fontainebleau présente une grande variété d’aspects : de grands plateaux nus ou boisés, de hautes et profondes futaies, des steppes couverts de sable et de bruyères, des déserts arides, des cirques hérissés de rochers, des collines verdoyantes, des gorges sauvages, des vallées ombreuses et tapissées de mousses, des bois de chênes, de hêtres, de charmes, de pins, de bouleaux, de genévriers, tels sont les principaux traits de ce sol accidenté. « Nature mélancolique et riante, a dit de cette forêt