époque, qu’on rencontre assez fréquemment en Italie, sont au contraire fort rares en Espagne.
C’est en vain, assurément, que nous avons essayé de décrire la mosquée de Cordoue : c’est un monument sans pareil dont on ne peut se faire une idée exacte si on ne l’a vu, car la plume et le pinceau même sont impuissants à en rendre les aspects variés et d’une poésie étrange. Nous y passions des heures entières sans pouvoir nous arracher à cette contemplation, et loin de trouver exagérées les louanges des poëtes, nous répétions, en ne les trouvant que vrais, ces vers de Victor Hugo :
« … Cordoue aux maisons vieilles
« A sa mosquée, où l’œil se perd dans les merveilles. »
Après la mosquée, les anciens monuments de Cordoue sont peu nombreux, bien que le passé si brillant de cette ville puisse faire croire le contraire ; il en est quelques-uns cependant qui ne laissent pas d’être assez intéressants, Il est vrai que le voisinage du merveilleux édifice arabe est fait pour rendre le touriste bien difficile ; néanmoins quelques heureuses surprises sont réservées à celui qui voudra consacrer quelques jours à des flâneries au hasard dans les rues tortueuses de la ville.
Marchand de bestiaux, à Cordoue. — Dessin de Gustave Doré.
Plus d’une bonne fortune de ce genre nous arriva à Cordoue : c’est ainsi que nous découvrîmes la charmante façade de la Casa de Espósitos (Hospice des Enfants-Trouvés) : le portail principal, qui date des dernières années du quinzième siècle, est de ce gothique riche et élégant qui a précédé la renaissance. Comme nous marchions depuis assez longtemps par une chaleur étouffante, Doré voulut saisir cette occasion pour faire une halte à l’ombre, pendant laquelle il dessina le portail de la Casa de Espósitos avec ses saints aux longues draperies, encore intacts depuis près de quatre siècles sous leurs dais de pierre finement repercés à jour. Nous admirâmes encore la petite église de Santa Marina, du quatorzième siècle, qui possède également un très-joli portail.
Un autre jour, en traversant une petite place qu’on appelle la Plazuela del Indiano, nous nous trouvâmes en face d’un grand portique carré orné d’une frise sculptée dans la pierre avec la plus grande élégance à l’époque de la domination musulmane et n’offrant qu’un très-petit relief, comme la plupart des sculptures arabes. Cette pauvre ville de Cordoue a été tellement bouleversée, que c’est à peine si on aperçoit de temps à autre dans quelques rues un fragment qui rappelle sa splendeur passée. Nous citerons cependant encore, parmi les rares vestiges de l’époque arabe qu’il nous fut possible de découvrir, une curieuse maison de la Plazuela de San Nicolas, connue sous le nom de la cuadra (l’écurie), la Torre de San Nicolas, une jolie tour aux créneaux dentelés, qui servait autrefois de minaret et une petite mosquée, depuis longtemps transformée en chapelle, qui dépend de l’hôpital del Cardenal. Le jardin de cet hôpital est encore désigné par le peuple sous le nom de Huerto del rey Al-