en usage : l’un, dans le nord de l’empire, à Hakodate ;
l’autre, au midi, à Nagasaki ; un troisième, dans l’archipel
des îles Liou-Kiou. Quant à la grande île de
Nippon, c’est là, dans l’isolement de la cour du daïri,
que se conserve l’ancien idiome de Yamato, la langue
classique du Japon ; et c’est là aussi, dans les villes commerçantes
de la mer intérieure et à Yédo même, que se
développe le japonais moderne, la langue de l’administration,
des affaires, des relations internationales. Il
m’a été dit que les missionnaires qui sont venus des
îles Liou-Kiou dans l’île de Nippon, avaient dû, en
quelque sorte, recommencer à nouveaux frais leurs
études, pour se mettre en état de s’exprimer dans le
dialecte de la capitale. Les résidents de Yokohama se
l’approprient par l’usage, au bout de douze à dix-huit
mois d’exercice, au point de pouvoir s’entretenir verbalement
Image de Confucius, dans le temple de Confucius, à Canton. — Dessin de E. Thérond d’après une photographie.
avec les courtiers, les douaniers et les négociants
indigènes. Mais les difficultés de la langue écrite n’ont
encore été surmontées que par un très-petit nombre
d’Européens, six ou huit tout au plus, employés au service
des missions ou de la diplomatie.
L’écriture primitive des Japonais n’existe plus qu’à l’état de curiosité archéologique. Elle a fait place à l’écriture chinoise, et celle-ci, de son côté, a subi, sous le pinceau des Japonais, la transformation la plus originale qui se puisse imaginer.
L’on sait que l’écriture chinoise ne se compose point d’un alphabet, mais de caractères idéographiques, dont chacun forme une syllabe, figure un mot et représente une idée, Parmi ces milliers de caractères chinois, les Japonais en ont adopté quarante-huit, abstraction faite de leur signification, pour en faire la base d’un système