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Page:Le Tour du monde - 17.djvu/20

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point de venir s’y baigner en un endroit situe à moitié route. La montagne, étagée en gradins de couleur rouge et noire, découpée par les massifs d’arbres qui sortaient de toutes les crevasses, était littéralement couverte de singes à tous les étages ; sur toutes les fentes horizontales, ils étaient établis les uns contre les autres ; les arbres pliaient sous leur poids, et, à notre passage, ils nous saluèrent par des gambades incroyables et des aboiements forcenés. En affirmant que ce quartier général ne renfermait pas moins de six mille cynocéphales, je ne crois pas exagérer.


Deuxième barrage au-dessus du Félou. — Dessin de Tournois d’après l’album de M. Mage.

Derrière cette montagne était un marigot profond qui devait offrir un passage difficile ; je m’étais donc décidé à accompagner le convoi dans cette partie, où d’ailleurs j’avais dressé le cours du fleuve. Le soir, pour en faciliter la marche, je fis transporter par le canot un chargement de matériel ; pendant ce temps, avec quelques hommes, je faisais allumer des feux dans les herbes sèches, afin de dégager la route.


La montagne aux Singes. — Dessin de Émile Bayard d’après l’album de M. Mage.

Quand vint l’heure de rentrer les animaux, on chercha les bœufs qu’on avait mis au pacage ; mais ce ne fut que très-tard et non sans de longues inquiétudes qu’on parvint à les trouver ; ils s’étaient couchés dans des herbes épaisses et hautes de quatre à cinq mètres. Puis le canot eut du retard ; enfin, à sept heures du soir, on entendit la chanson des latpots dans le lointain, puis des détonations, et à huit heures nous étions tous réunis.

Le canot, à son retour de nuit, avait été littéralement cerné par les hippopotames ; on les touchait des avirons, et on ne s’en était dégagé qu’à coups de fusil. Ces animaux, d’ailleurs, sont plus effrayants que ter-