Aller au contenu

Page:Le Tour du monde - 17.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et alcalines sont aujourd’hui fort recherchées des baigneurs. Après viennent les deux Empire, aux mines fameuses : Empire-le-Bas, au fond d’une délicieuse vallée ; Empire-le-Haut, perché à plus de trois mille mètres. D’un autre côté est Georgetown, la cité principale des mines d’argent, comme Central-City est celle des mines d’or.

Ces différentes villes forment les véritables centres miniers ; mais Denver est resté, par l’élégance de ses édifices, de ses maisons, de ses magasins, par la largeur, par le mouvement de ses rues, par le chiffre de sa population, par les mœurs douces, polies de ses habitants, la première ville du Colorado. Elle a une population de près de huit mille âmes[1] ; elle en compterait le double si les luttes continuelles avec les Indiens et la terreur que ceux-ci avaient répandue sur les routes n’avaient pas, dès le principe, éloigné la plupart des émigrants. Les mines aussi, il faut le reconnaître, n’ont pas toujours répondu aux espérances, souvent exagérées, des exploitants. De là des déboires qui ont fini par éloigner du Colorado beaucoup de capitalistes et de colons.

Denver a plusieurs journaux, plusieurs églises, des maisons de banque, des salles de théâtre, de concert, de conférences ; elle a des écoles, une université ; elle a de beaux hôtels, et des cafés, des restaurants que ne désavouerait pas une ville de premier ordre.


Long’s-Peak ou le pic de Long (montagnes Rocheuses). — Dessin de Sabatier d’après un croquis original.

Parmi ces derniers brille le café Français, tenu par notre compatriote le Bourguignon Frédéric Charpiot, qui fait tous ses efforts pour que la cuisine française reste, même dans ces parages, la première cuisine du monde, et qui n’a pas de peine à y parvenir.

Malgré la supériorité qui distingue Denver, il ne faudrait pas croire que les autres villes du Colorado n’ont d’une ville que le nom. Dans la plupart d’entre elles, notamment à Central-City, il y a aussi des journaux, des églises, des hôtels bien tenus, des maisons de banque, de beaux magasins, enfin une société savante, le Mechanic’s Institute, ou l’Institut des ouvriers. C’est une espèce de club de mineurs où l’on trouve une bibliothèque, une belle collection de minerais et la réunion des principaux recueils scientifiques des États-Unis et d’Angleterre. Les membres se réunissent plusieurs fois par mois en assemblées générales pour discuter les diverses questions qui ont trait à l’art des mines. On fait aussi dans cet institut des conférences ou lectures.

L. Simonin.

(La suite à une autre livraison.)


  1. Le Colorado tout entier ne doit guère renfermer plus de trente-cinq à quarante mille âmes, y compris cinq à six mille Indiens : Yutes, Arrapahoes et Chayennes.