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Page:Le Tour du monde - 17.djvu/260

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duit annuellement le globe[1]. Ce fait ne s’est révélé que depuis peu d’années, mais il n’a pas échappé aux hommes d’État qui gouvernent l’Union.

Chaque année, dans son message, le président fait connaître les détails statistiques de la production de l’or et de l’argent, et d’année en année il a généralement lieu de féliciter le pays des résultats et des progrès obtenus.

Aux États-Unis, on ne se contente pas de savoir, on veut voir. Aussi ces mines du Grand Ouest, dont tout le monde s’entretient, sont-elles l’objet de nombreuses visites, non-seulement de la part des ingénieurs, mais aussi des journalistes, des économistes, des hommes d’État de l’Union.

Un des politiques les plus connus aux États-Unis et des plus modérés, le même que la voix publique semble désigner aux élections prochaines pour la vice-présidence, si le général Grant est nommé président, M. Colfax, a raconté dans un de ses nombreux speeches ses visites aux mines d’or et d’argent du Far West en 1865. Il était alors et il est encore président (speaker) de la chambre des représentants à Washington, et il profita, en 1865, des vacances de la session pour aller voir, dit-il, dans l’extrême Ouest, de vrais mineurs, de vrais Indiens, de vrais Mormons.

Il partit dans la diligence transcontinentale, accompagné de quelques amis, entre autres d’un journaliste de Springfield (Massachusetts), M. Bowles, qui a laissé de ce voyage une intéressante description[2].


Vue de la ville basse d’Empire (Colorado). — Dessin de Sabatier d’après une photographie.

La veille de son départ, le 14 avril, M. Colfax alla prendre congé du président. « Je veux, lui dit Lincoln, que vous soyez mon interprète auprès des mineurs que vous allez visiter. J’ai la plus large idée de la richesse minérale de notre pays. Je la crois inépuisable. Elle abonde dans tout l’Ouest, des montagnes Rocheuses au Pacifique, et l’exploitation en est à peine commencée. Pendant la guerre, alors que nous ajoutions chaque jour une couple de millions de dollars à notre dette nationale, je n’avais pas le loisir d’encourager chez nous la production des métaux précieux ; nous avions d’abord la nation à sauver. Mais à présent que la rébellion est vaincue, et que nous connaissons le montant de notre dette, plus nos mines extrairont d’or et d’argent, et plus nous effectuerons facilement le payement de ce que nous devons. Je veux désormais, ajouta-t-il avec une grande animation, favoriser nos exploitations souterraines par tous les moyens qui sont en mon pouvoir. Nous avons des centaines de mille de soldats congédiés, et l’on craint que le retour dans

  1. Voici, d’après des renseignements officiels, quelle a dû être, en métaux précieux, la production des États-Unis en 1857, une année des moins favorisées.
    Californie 125 000 000 francs.
    Nevada 100 000 000 »
    Montana 60 000 000 »
    Idaho 30 000 000 »
    Colorado 25 000 000 »
    Orégon 10 000 000 »
    Autres États ou Territoires 25 000 000 »
    Total de la production d’or et d’argent aux États-Unis en 1867 375 000 000 »
  2. Across the continent, Springfield et New-York, 1866.