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Page:Le Tour du monde - 17.djvu/73

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qui sont exposées aux vents d’est et aux pluies violentes des tornades, étaient garanties de la dégradation par des paillassons. En dehors, elles sont masquées par une mince couche de terre. En cas de siége, il y aurait place pour deux mille défenseurs sur les quatre côtés. La banquette fort élevée nécessairement, n’est que le toit d’une galerie qui fait le tour de l’enceinte, et permet de fusiller l’ennemi dans la place, s’il y entrait par-dessus les murailles. Cette galerie a son accès dans le corps de garde d’entrée et dans les tours des angles. En somme, l’ensemble est construit de telle sorte qu’il serait, je crois, difficile même a des troupes régulières d’y pénétrer sans l’aide du canon, à moins d’avoir recours à la sape et à des galeries de mine.

Mais si nous eûmes plus tard le loisir d’étudier ces détails, pour le moment nous ne pûmes qu’y jeter un coup d’œil, car on nous fit de suite franchir la porte, puis un corridor nous mena dans une cour où, sous une varandah en paille, se tenait Ahmadou entouré d’un petit nombre d’intimes, personnages influents du pays. Il était
Vieux Bambara, chef des Somonos de Yamina. — Dessin de Émile Bayard d’après l’album de M. Mage.
assis sur une peau de chèvre, placée sur du sable fin ; les autres personnes de son entourage étaient tout simplement assises sur le sable. Une garde d’une cinquantaine d’esclaves était rangée des deux côtés. Ces soldats étaient debout, armés, tenant leur fusil dans toutes les positions possibles et habillés de tous les costumes imaginables. Ils se tenaient sur deux rangs, formant l’éventail. Je m’avançai en saluant le roi à la française et je lui donnai la main, en lui disant en français : Bonjour !

Le docteur Quintin et Samba-Yoro qui me servait d’interprète en firent autant. On nous apporta, pour nous asseoir, un tara ou lit en bambou de cinquante centimètres de haut et recouvert d’un dampé ou couverture de coton blanc.

Dès que le silence fut établi, Ahmadou s’informa en peuhl des nouvelles de ma santé et me souhaita la bienvenue. Puis il s’informa de ce qui se passait à Saint-Louis. Je répondis laconiquement, me plaignant de n’avoir pu effectuer ma route par le Bélédougou. Je m’enquis à mon tour d’El Hadj et demandai s’il était tou-